En Zambie, des femmes se battent contre deux fléaux qui se renforcent
Par Reginald Ntomba, Lusaka
Maria est séropositive. Les médicaments antirétroviraux (ARV) étant désormais plus disponibles, ils devraient lui faciliter la vie. Mais la poursuite de son traitement est menacée. Elle redoute que son mari découvre qu'elle est malade du sida car il y verrait une raison pour la quitter. Maria est donc obligée de cacher ces ARV qui la maintiennent en vie et elle ne les prend qu’en l’absence de son mari.
L'histoire de Maria est un exemple parmi de nombreux cas compilés par Human Rights Watch (HRW) en Zambie. Selon l’ONG américaine, la question des violences contre les femmes est des plus graves. Celles-ci menacent en effet de réduire l’impact du programme de distribution d'ARV gratuits mis en place par le gouvernement zambien. « Les maltraitances sexistes vont continuer à briser les vies d'un grand nombre de femmes en Zambie. Ces femmes ont un besoin urgent de traitements antirétroviraux et ces maltraitances augmentent les pertes en vies humaines et contribuent à des problèmes de santé pourtant évitables, » explique Nada Ali, chercheuse à HRW.
Selon le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), 33,3 millions de personnes à travers le monde vivent avec le VIH. Parmi ces personnes, un peu plus de la moitié (52%) sont des femmes. En Afrique cependant, les femmes représentent 60% du total des adultes vivant avec le VIH. Et selon ONU-Femmes, dans certaines régions du continent, les jeunes femmes de 15 à 24 ans sont jusqu'à six fois plus exposées à la séropositivité que les hommes du même âge.
La violence sexuelle, explique ONU-Femmes, n'est pas seulement « une violation répandue et brutale des droits des femmes. Elle augmente aussi les risques de transmission » du VIH. En Afrique et dans d'autre régions du monde, ONU-Femmes coordonne la campagne du Secrétaire général des Nations Unies « Tous unis pour mettre fin à la violence à l'égard des femmes, » lancée en 2008.
Les militants d'Afrique australe pointent désormais du doigt la manière dont la violence à l'égard des femmes alimente d'autres maux, comme la pandémie du sida. La branche zambienne de Women and the Law in Southern Africa (WLSA) estime que si l'on ne combat pas ce type de violences, la lutte contre le sida n'en sera que plus ardue. « La violence à l'égard des femmes a une incidence inquiétante sur le traitement du VIH/sida, » confie Matrine Chuulu, coordinatrice nationale de la branche zambienne de WLSA.
La branche zambienne de l'Association des Jeunes femmes chrétiennes (YWCA, Young Women’s Christian Association), qui gère un refuge pour femmes battues, offre des services de psychothérapie ainsi que des conseils juridiques. Selon les données rassemblées par le YWCA, la moitié des femmes victimes de violences depuis 2006 étaient séropositives.
Les ONG ont aussi fait pression sur le gouvernement zambien afin qu’il renforce la législation. En 2005, ce dernier a tout d'abord modifié le code pénal pour interdire l'attentat à la pudeur, le harcèlement sexuel et la traite des femmes et des enfants. Enfin, plus récemment, en avril 2011, le gouvernement a adopter une loi contre la violence domestique.
Source: "Afrique Renouveau, ONU".
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