vendredi 17 février 2012

Angelique Kidjo, une voix d’or


Impossible de parler d’elle sans penser à Miriam Makeba. D’abord parce qu’elle a débuté en l’interprétant, ensuite parce qu’elle fit sa première partie à l’Olympia en mai 1989, puis parce qu’elle lui rendit un superbe hommage en 2009 au Cirque d’Hiver ; enfin parce qu’elles témoignaient d’une même sensibilité artistique et politique, portées par un tempérament de feu. Pas un hasard non plus si elle partagea en 90 cette même scène de l’Olympia avec l’«autre» grande, Nina Simone.

La vie d’Angélique Kidjo est un voyage, qui va de Cotonou à Johannesburg, de l’Olympia au…Carnegie Hall, de Montreux au Royal Albert Hall, émaillé de rencontres, qui ont nom James Brown, Martin Scorcese, Peter Gabriel, Bono, Youssou’n’Dour, Quincy Jones, Yann Arthus-Bertrand, Nelson Mandela, Barack Obama, et témoignent d’une carrière exceptionnelle. D’une certaine manière, le Bénin était trop petit pour un si grand destin.

Après des débuts spectaculaires, cette enfant de la balle (sa mère est dans le théâtre et elle chante et danse depuis l’âge de six ans) en partit à 23 ans pour Paris, où elle avait d’ailleurs enregistré trois ans auparavant son premier album, Pretty, qui triompha dans toute l’Afrique de l’ouest. Mais n’avait-elle pas commencé par un titre en hommage à Winnie Mandela ? Et à sa façon, la France, où elle vécut 15 ans, s’avéra un jour aussi trop étroite pour elle. Elle y apprend son métier, notamment au Centre d’Informations Musicales (Cim) où elle rencontre Jasper Van’t Hof, qui l’intègre à son groupe Pili Pili. Mais sa carrière débute vraiment en 1989 avec l’album Parakou, nourri de zouk, soul, reggae, et de jazz.

En 1991, elle signe avec Chris Blackwell (Island) un contrat qui va changer sa vie. L’album Logozo, qui accueille notamment Manu Dibango, Branford Marsalis et Ray Lema est un succès international, avec Batonga et Wé Wé. Prix RFI-Sacem, elle est nommée trois fois aux New Music Awards américains l’année suivante, et fait l’Olympia en vedette, entre deux tournées internationales. Rien de plus normal à ce que son prochain disque, Ayé, ait le producteur de Prince, David Z, et qu’elle enchaîne avec Fifa, album où joue Carlos Santana, en hommage à leur fille Naïma !

En 1998, elle s’installe à New York, à la sortie d’ « Oremi », premier volet d’un triptyque sur la quête de ses racines africaines à travers les routes de l’esclavage, où elle reprend «Voodoo child». Suivront «Black Ivory soul» (2002), album brésilien avec Carlinhos Brown, Gilberto Gil, Daniela Mercury, Henri Salvador, et en 2004 «Oyaya !». En 2007, c’est «Djin Djin», avec… Peter Gabriel, Alicia Keys, Branford Marsalis, Ziggy Marley, Tony Visconti ! Et cette année, «Oyo», avec moult standards et guest stars, de John Legend à Dianne Reeves et Roy Hargrove.

Mais «la chanson est une de ses expressions, pas la seule», et cette «femme d’influence », dynamique ambassadrice de l’Unicef, créatrice de la Fondation Batonga pour l’éducation des jeunes filles africaines, répond présent dès qu’il s’agit de rendre hommage à un prix Nobel de la paix, à la Fondation Mandela ou à Amnesty International. Respect !

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