Après les soldats et les policiers, de plus en plus de civils se rendent coupables de viols
Photo : Jacques Grenier
Bernadette Ntumba ne désespère pas de voir s’arrêter la violence contre les femmes en République démocratique du Congo.
En plus de faire des millions de morts, les guerres qui ont ravagé la République démocratique du Congo (RDC) depuis un peu plus d'une décennie ont donné lieu à d'innombrables actes de violence sexuelle contre les femmes, des crimes qui continuent même quand les armes se taisent.
«Les auteurs sont des policiers, des soldats de l'armée régulière et des miliciens, mais aussi des civils», explique Bernadette Ntumba, porte-parole de la Commission pour la lutte contre les violences sexuelles dans le territoire d'Uvira (province du Sud-Kivu), venue participer au lancement de la campagne «SOS RDC» d'Amnistie internationale.
Depuis l'automne dernier, c'est surtout la province voisine du Nord-Kivu, où la guerre ouverte a repris, qui retient l'attention. Mais les autres régions du Congo ne sont pas épargnées par la violence exercée contre les femmes, et ce, pour plusieurs raisons. Il y a d'abord le fait que les anciens combattants, une fois démobilisés, «gardent la même mentalité, selon Mme Ntumba, que Le Devoir a rencontrée la semaine dernière. Quelle mentalité? Celle du combattant d'«une guerre qui finit dans le ventre des femmes».
Ajoutez à cela l'impunité qui persiste malgré les lois congolaises censées punir les auteurs de ce genre de crime, et vous avez une situation où le mauvais exemple se propage. «De plus en plus, les auteurs de viols sont des civils», signale Mme Ntumba.
Certes, la guerre a exacerbé le problème. Ce n'est pas pour rien que le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté, l'an dernier, une résolution pour bien préciser que la violence sexuelle en situation de conflit constitue un crime de guerre.
Toutefois, Bernadette Ntumba met également en cause le contexte culturel. «Selon la coutume, la femme est considérée comme un objet. C'est pourquoi il est possible d'entrer dans une maison et de violer des femmes et des filles, même devant le mari. Autrefois, la coutume voulait qu'un homme enlève une femme, mais le lendemain, sa famille s'excusait et discutait d'une dot à payer. Maintenant, on prend simplement la femme puis on la laisse, avec les séquelles.»
On devine le genre de séquelles: des maladies comme le VIH-sida, dont le taux est très élevé dans l'est de la RDC, le rejet par la famille et la communauté, les enfants issus des viols, qui finissent souvent dans la rue.
Bernadette Ntumba porte aussi le titre de coordonnatrice de l'Association des mamans chrétiennes pour l'assistance aux vulnérables. Cet organisme a été créé en 1999, non pas en réaction à la violence sexuelle, mais plutôt à celle qui était alors faite aux vieillards, hommes ou femmes, que l'on accusait couramment de sorcellerie. Les «mamans chrétiennes» sont venues en aide à des centaines de ces personnes âgées, en leur procurant vêtements et nourriture, tout en plaidant pour leur réinsertion sociale.
C'était à l'époque où, dans les deux Kivu, la guerre civile faisait rage entre l'AFDL de Laurent Kabila — le père du président actuel — et le régime en déroute de Mobutu Sese Seko. Des soldats congolais, de même que des militaires rwandais et ougandais (alliés à cette époque à Laurent Kabila), vivaient dans des camps en pleine forêt. À l'occasion, ils razziaient les villages pour y violer les femmes, «non pas tant pour le plaisir que pour les détruire».
Des femmes comme Bernadette Ntumba ont pris contact avec des coopérants suisses oeuvrant au Burundi, de l'autre côté de la frontière. Plusieurs victimes de viols ont pu ainsi recevoir des soins et des conseils psychologiques.
«En 2002, nous avons lancé un cri d'alarme, avec le slogan "SOS femmes en danger", se souvient Mme Ntumba. La venue de nombreux journalistes européens a aidé à faire connaître la situation des femmes de la RDC.»
Sept ans plus tard, la militante doit encore marteler le même message, mais elle n'a pas perdu l'espoir. «Ça va changer si tout le monde s'implique: la société civile, le gouvernement congolais et la communauté internationale, dit-elle. Actuellement, le gouvernement s'en désintéresse: le système judiciaire ne fonctionne pas, il faut le rebâtir.»
Sur le thème de «SOS RDC», la section locale d'Amnistie internationale lançait la semaine dernière une campagne à volets multiples. L'organisation demande notamment au secrétaire général de l'ONU de faire le nécessaire pour renforcer l'embargo sur les armes à destination du Congo et au gouvernement canadien d'aider les ONG congolaises qui travaillent sur le terrain auprès des victimes de violences sexuelles.
«Les auteurs sont des policiers, des soldats de l'armée régulière et des miliciens, mais aussi des civils», explique Bernadette Ntumba, porte-parole de la Commission pour la lutte contre les violences sexuelles dans le territoire d'Uvira (province du Sud-Kivu), venue participer au lancement de la campagne «SOS RDC» d'Amnistie internationale.
Depuis l'automne dernier, c'est surtout la province voisine du Nord-Kivu, où la guerre ouverte a repris, qui retient l'attention. Mais les autres régions du Congo ne sont pas épargnées par la violence exercée contre les femmes, et ce, pour plusieurs raisons. Il y a d'abord le fait que les anciens combattants, une fois démobilisés, «gardent la même mentalité, selon Mme Ntumba, que Le Devoir a rencontrée la semaine dernière. Quelle mentalité? Celle du combattant d'«une guerre qui finit dans le ventre des femmes».
Ajoutez à cela l'impunité qui persiste malgré les lois congolaises censées punir les auteurs de ce genre de crime, et vous avez une situation où le mauvais exemple se propage. «De plus en plus, les auteurs de viols sont des civils», signale Mme Ntumba.
Certes, la guerre a exacerbé le problème. Ce n'est pas pour rien que le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté, l'an dernier, une résolution pour bien préciser que la violence sexuelle en situation de conflit constitue un crime de guerre.
Toutefois, Bernadette Ntumba met également en cause le contexte culturel. «Selon la coutume, la femme est considérée comme un objet. C'est pourquoi il est possible d'entrer dans une maison et de violer des femmes et des filles, même devant le mari. Autrefois, la coutume voulait qu'un homme enlève une femme, mais le lendemain, sa famille s'excusait et discutait d'une dot à payer. Maintenant, on prend simplement la femme puis on la laisse, avec les séquelles.»
On devine le genre de séquelles: des maladies comme le VIH-sida, dont le taux est très élevé dans l'est de la RDC, le rejet par la famille et la communauté, les enfants issus des viols, qui finissent souvent dans la rue.
Bernadette Ntumba porte aussi le titre de coordonnatrice de l'Association des mamans chrétiennes pour l'assistance aux vulnérables. Cet organisme a été créé en 1999, non pas en réaction à la violence sexuelle, mais plutôt à celle qui était alors faite aux vieillards, hommes ou femmes, que l'on accusait couramment de sorcellerie. Les «mamans chrétiennes» sont venues en aide à des centaines de ces personnes âgées, en leur procurant vêtements et nourriture, tout en plaidant pour leur réinsertion sociale.
C'était à l'époque où, dans les deux Kivu, la guerre civile faisait rage entre l'AFDL de Laurent Kabila — le père du président actuel — et le régime en déroute de Mobutu Sese Seko. Des soldats congolais, de même que des militaires rwandais et ougandais (alliés à cette époque à Laurent Kabila), vivaient dans des camps en pleine forêt. À l'occasion, ils razziaient les villages pour y violer les femmes, «non pas tant pour le plaisir que pour les détruire».
Des femmes comme Bernadette Ntumba ont pris contact avec des coopérants suisses oeuvrant au Burundi, de l'autre côté de la frontière. Plusieurs victimes de viols ont pu ainsi recevoir des soins et des conseils psychologiques.
«En 2002, nous avons lancé un cri d'alarme, avec le slogan "SOS femmes en danger", se souvient Mme Ntumba. La venue de nombreux journalistes européens a aidé à faire connaître la situation des femmes de la RDC.»
Sept ans plus tard, la militante doit encore marteler le même message, mais elle n'a pas perdu l'espoir. «Ça va changer si tout le monde s'implique: la société civile, le gouvernement congolais et la communauté internationale, dit-elle. Actuellement, le gouvernement s'en désintéresse: le système judiciaire ne fonctionne pas, il faut le rebâtir.»
Sur le thème de «SOS RDC», la section locale d'Amnistie internationale lançait la semaine dernière une campagne à volets multiples. L'organisation demande notamment au secrétaire général de l'ONU de faire le nécessaire pour renforcer l'embargo sur les armes à destination du Congo et au gouvernement canadien d'aider les ONG congolaises qui travaillent sur le terrain auprès des victimes de violences sexuelles.
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