50 ans après l’indépendance du pays, la femme congolaise s’est émancipée presque dans tous les domaines. Il est vrai que dans certains secteurs, c’est à peine que la femme congolaise a pris conscience des capacités à accomplir les mêmes tâches que l’homme. Dans des secteurs où les femmes étaient moins nombreuses, nous voyons un bon nombre des femmes y adhérer. Au-delà de cette prise de conscience, force est de constater que la femme s’intègre en fonction du courant présent.

L’émancipation de la femme congolaise, le 1+4, la résolution 1321, la Conférence de Beijing, les violences sexuelles, les élections, le genre... tous ces courants ont engendré un type nouveau des femmes déterminées à un combat égalitaire avec les hommes, plus dans les domaines politique, économique et culturel.
Dans le domaine politique, la RDC a commencé à enregistrer les premiers pas de la femme déjà à l’aube de l’indépendance. Notons la présence de la première femme ministre Sophie

Madeleine Lihau-Kanza, née Zala Lusibu N’Kanza

Sophie Kanza est née le 8 février 1940 à Kinshasa de parents originaires du Bas-Congo. Son père Mbuta Daniel Kanza est un des premiers hommes politiques congolais. En 1964, Kanza obtient une licence en Sociologie à l’université de Genève où elle travaillera comme assistante au département de Sociologie jusqu’en 1966.

Elle exerce les fonctions de secrétaire d’État aux Affaires sociales (1966 à 1967) et devient ainsi la première femme à occuper un poste ministériel. Elle est ensuite ministre des Affaires sociales (1967 à 1968). De 1969 à 1970, elle est ministre d’État des Affaires sociales.

De 1973 à 1976, elle obtient une maîtrise et un doctorat en Sociologie à l’université Harvard. A partir de cette période jusqu’en 1977, elle est membre du conseil d’administration de l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche. Elle est ensuite sous-directeur général adjoint à l’UNESCO (1981 à 1985), chargée de mission auprès du directeur général de l’UNESCO (1985 à 1988).
Elle a épousé Marcel Lihau, premier président de la Cour suprême de Justice et président de la commission constitutionnelle à la Conférence nationale souveraine (CNS).
Décédée en 1999 à Kinshasa, elle fut portée au panthéon de l’histoire congolaise (RDC) le 7 juillet 2004.

Catherine Nzuzi wa Mbombo, née en 1944, ministre de la Solidarité et des Affaires humanitaires depuis le 30 juin 2003 dans le gouvernement de transition, a été gouverneur de la province du Bas-Zaïre ( Bas-Congo) de 1972 à 1974, et président régional du MPR de la ville-province de Kinshasa en 1986. En 2006, elle est candidate à l’élection présidentielle, représentant le MPR-fait privé. Anciennement vice-présidente du MPR sous Mobutu, elle fut emprisonnée durant 20 mois après la prise de pouvoir par feu Laurent-Désiré Kabila en 1997.

Philomène Omatuku Atshakawo Akatshi est la première femme à occuper le poste de président du Parlement, Assemblée constituante et législative - Parlement de Transition (ACL-PT). Du 6 février 2007 à novembre 2008, elle est ministre de la Condition féminine dans le gouvernement d'Antoine Gizenga et est membre du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD).

Marie-Ange Lukiana Mufwankolo, née Mufwankolo, diplômée de l'Institut universitaire d'Etudes du Développement de Genève, est d’abord impliquée dans la société civile pour la cause de la femme. Mariée à M. Lukiana, professeur d’université, elle devient secrétaire général adjoint du Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD) après avoir été ministre du Travail et de la Prévoyance sociale du gouvernement Laurent-Désiré Kabila de 2000 à 2001, et conserve le même poste dans le gouvernement Gizenga en 2007. Elle est ensuite sénatrice et vice-président du PPRD. Actuellement elle est ministre du Genre, famille et enfant.

La femme a pris la mesure de l’enjeu qui se présente. Elle est aujourd’hui plus que jamais partenaire de l’homme dans tous les domaines de la vie nationale. Du point de vue de la littérature, il a fallu attendre l'après guerre et le recul progressif des forces coloniales pour qu'une élite intellectuelle locale ait enfin droit à la parole et qu'un mouvement littéraire de langue française prenne forme.

Il faut noter que les premières femmes de lettres congolaises publient déjà à la fin des années 1960, surtout de la poésie. Les premiers vers de Madiya e Nzuji (Clémentine), sortent en 1967, ceux d'Ikole Botuli-Bolumbu (Ivonne Marie-Claire) en 1972 et ceux de Lima-Baleka Bosek'Ilolo en 1973. La même année, Christine Kalondji publie une nouvelle aux qualités littéraires incontestables. En 1977, c'est au tour de Tolande Mweya (Elisabeth) de publier deux nouvelles.

Ntumb Diur se lance dans le théâtre (Zaïna qui hurle dans la nuit) et Kabika Tshilolo dans l'écriture d'un roman en 1986. Signalons enfin l’ (auto)biographie de Léonie Abo qui relate l'insurrection paysanne de 1963-1968, et les massacres de l'armée de Mobutu, vus de par une femme combattant aux côtés des résistants.


Clémentine Madiya Faïk-Nzuji est Congolaise. Elle est née à Tshofa le 21 janvier 1944. Docteur d'Etat ès Lettres et Sciences Humaines (Etudes Africaines à l'Université de Paris III), elle a enseigné les littératures orales et la stylistique africaines, d'abord à l'Université Nationale du Zaïre de 1972 à 1978, ensuite à l'Université de Niamey de 1978 à 1980. Depuis 1981, elle enseigne la linguistique, les littératures orales et les cultures africaines à l'Université Catholique de Louvain, en Belgique. Depuis 1986, elle dirige le Centre international des langues, littératures et traditions d'Afrique au service du développement (CILTADE) qu'elle a fondé et au sein duquel elle poursuit ses recherches dans les domaines de la linguistique bantu générale (y compris l'anthroponymie et la sémantique des littératures orales) et dans ceux de la symbologie, des tatouages et des scarifications.

Ses nombreuses publications scientifiques se regroupent essentiellement dans les domaines des littératures orales, de la symbolique africaine et de l'inter culturalité. Ces recherches l'ont amenée à participer à d'innombrables rencontres scientifiques internationales, à donner de nombreuses conférences et à animer des séminaires sur ses thèmes de recherche.

Son œuvre d'écrivain lui a valu le prix de poésie au concours littéraire président L.S. Senghor (Congo, 1969); elle a aussi été lauréate au Concours de nouvelles en langues africaines de l'Afrique centrale organisé par l'Académie royale des Sciences d'Outre-Mer (Belgique, 1987) et lauréate au Concours de la Meilleure Nouvelle de langue française organisé par la Radio France-International (Paris, 1990). Clémentine Madiya Faïk-Nzuji est mariée à Sully Faïk et elle est mère de cinq enfants.

Betty Mweya Tol'Ande (Elisabeth) est née le 7juillet 1947. Licenciée en journalisme en 1984, elle a été tour à tour journaliste dans l'hebdomadaire " Afrique chrétienne", "Progrès", "Salongo", productrice et présentatrice du "Magazine de la femme - F... Comme Femme" ; assistante à l'Institut des sciences et techniques de l'information. Elle est aussi productrice des cassettes sonores et des albums destinés à l'éducation des adultes.
- En 1985, elle entrait comme formatrice et responsable de matériel pédagogique dans une structure africaine de développement.
En ce qui concerne l'écriture féminine, un recensement complet des textes publiés reste à faire. Toutefois, nous avons remarqué que cette littérature est entrée en léthargie.


Du point de vue de la musique :

L’une de rares chanteuses de la première génération musicale avant l’indépendance, Lucie Eyenga, née en 1934 à Bandaka est issue d’une famille de l’ethnie « mongo » trempée dans les rythmes «zebola», « odemba », et le bonheur de chanter et de danser.
C’est en 1954 qu’elle acquiert une renommée bien méritée, grâce à sa toute première chanson sur disque « Bolingo ya la joie » dédiée à l’association féminine kinoise «La Joie». Elle est accompagnée par les guitaristes BALOJI «Tino Baroza», Charles MWAMBA « Dechaud », le bassiste Albert Taumani et le saxophoniste Isaac Musekiwa. De cette chanson, naquit la véritable Lucie Eyenga authentique de l’African Jazz, impressionnante de force, de rudesse et de conviction. Aucune autre chanteuse ne va l’égaler. Elle s’est éteinte le 12 décembre 1987 à Kinshasa, à l’âge de 53 ans.

Élisabeth Finant Abeti Masikini naquit le 9 novembre 1954 au sein d'une famille aisée de huit enfants. Son père, un métis belgo-congolais, l'initia très tôt au piano. Elle chanta également très jeune comme choriste dans l'église catholique. La véritable carrière d'Abeti commence à la fin de l'année 1971 lorsqu'elle rencontre le Togolais Gérard Akwesson, alors manager et producteur de la chanteuse Bella Bellow (1947-1973) de passage à Kinshasa.

Elle effectuera sa sortie officielle au ciné Palladium devant 12 personnes! Mais, elle ne baissera pas les bras et s'acharnera à travailler sa voix. Elle sort ses premiers disques en 1973. Il s'agit des titres comme Mutoto Wangu, Bibile, Safari et Papy Yaka. Mais, ces chansons aux mélodies blues, soul et folk n'attirent pas l'attention du grand public kinois. Elle est d'office cataloguée comme une chanteuse étrangère surtout à cause de son fort accent swahili. Elle est décédée le 28 septembre 1994 à Villejuif, dans la banlieue parisienne de suite d'un cancer de l'utérus provoqué par une intervention chirurgicale subie quelques années plus tôt.

Aimée M'Pongo Landu est née en 1956 à Boma, (Bas-Congo) d’une mère directrice d’un centre social pour l’éducation des filles. A quatre ans, une piqûre de pénicilline lui paralyse une partie du corps, et c'est à quatre pattes qu'elle passe son enfance. En 1976, secrétaire-standardiste, elle fait ses premiers pas professionnels et adopte pour nom de scène une adaptation anglaise de son prénom, M’Pongo Love.

Rapidement, ses chansons en lingala trouvent un large écho, bien au-delà sa région. Outre son timbre de voix, ce sont les thèmes abordés qui suscitent l’adulation d’un public surtout féminin. En 1978, un morceau évoquant la polygamie, N’Daya (les deux femmes), suscite un débat général. Possédant son propre label, Love’s Music, travaillant avec des compositeurs de talent, évoluant vers un compromis entre soukouss et zouk antillais, M’Pongo Love incarne avec générosité la montée en force des chanteuses de variété du milieu des années 70, entre autres, Abéti (“la Tigresse”), Tshala Muana (“la citoyenne 100.000 volts”), Reine Pélagie (“la Dame de fer et de feu”) et Aïcha Koné (“l'Impératrice”). Malheureusement, une maladie insidieuse a eu raison d’elle, et elle s’éteint à Kinshasa en 1990.

Pendant que Abeti et Pongo Love cartonnaient sur scène, il y a eu la présence d’autres chanteuses qui ont marqué la musique congolaise notamment Mbilia Bel avec l’album « la Beauté d’une femme » en 1986, Tshala Mwana sortira l’album «Amina» en 1982. Il faudrait signaler qu’au début des années 90,les femmes ont été noyées sur la scène de la musique congolaise. Au jour d’aujourd’hui, on observe une génération montante de chanteuses évoluant encore dans les grands orchestres qu’en solo.

Pour ce qui est de la musique chrétienne, la première femme à paraître sur scène c’est la femme du couple Buloba. Découvert vers la fin de la décennie 80, le couple Buloba fait partie des chanteurs chrétiens connus pour les belles compositions tels que : "Yerusalem mboka ya sika", "Mon âme bénit L'Éternel", "Signature ya suka" et bien d'autres chansons inspirées. A partir de cette dame, il y a eu explosions des femmes sorties de l’école de feu Charles Mombaya. (Théthé Djungandeke, Dorcas Kaja, Marie Misamu, L’or Mbongo…….)

Du point de vue théâtrale, Les sketchs populaires congolais, débutèrent dans les années 60, avec les groupes "Maboke", tiré du nom d'un célèbre comédien nommé Maboke Ngaliema, ce groupe a commencé à se produire avant l’avènement de la télévision en RDC. Ewaso Catherine est parmi les dames qui ont donné le goût du théâtre à la femme congolaise.

Elle sera suivie des femmes du groupe Salongo, telles que Mopepe, Monoko, Mabele, Bolingo, Mozele,…. le groupe Salongo présenta des feuilletons mémorables dont la célèbre mise en scène fut intitulée : "Muana Nsunsu" Petit Poussin. Le théâtre de chez nous congolais est aussi l'œuvre de talentueux artistes tels que Ebale "Mondial", Masumu Debrindé, Kwedi, Inga Sonzo, Mabele, Mopepe, Monoko, Bomengo...
En outre, il y avait le groupe "nzoi", dont le nom signifie "abeille". De nombreux artistes sont issus de ce groupe, notamment : Nzita, Shako, Pembele, Bipendu…….

Le théâtre congolais a vu ces dernières années l'émergence de nouveaux groupes hors du commun de par le thème exploité. En effet, ils ont su se démarquer du style habituel du "théâtre de chez nous", au travers du message chrétien diffusé. Ainsi, on assiste à une mise en scène avec de nombreux effets spéciaux, parfois réalisé en plein air. Il y a également le talent des acteurs et actrices qui est un atout de taille de ce groupe théâtral congolais.

Du point de vue sportif :

Basket-ball, cette discipline est la seule qui a valorisé la femme congolaise. L’histoire du basket-ball peut être scindée en 3 périodes : les décennies 70, 80 et 90.Si la première était celle de la traversée du désert, la seconde est celle qui a permis d’acquérir ses lettres de noblesse par la consécration de l’équipe féminine en nationale composée des dames tout à fait prodigieuses, dotées de talents et de qualités pour des basketteuses de renom. Parmi elles, Adèle Kamanga, Lingenga, Youyou Mwadi…

Adèle Kamanga est la seule athlète qui a continué de jouer jusqu'à l’âge de 36 ans. Elle est des espèces rares à se conserver précieusement dans les musées sportifs. Elle a été deux fois championne d’Afrique de nations, une fois vainqueur des jeux africains, une fois championne d’Afrique des clubs, quatre fois championne du Zaïre. Après leur départ, le basket-ball est descendu aux enfers.

Le judo : très peu des femmes s’y intéressent. Toutefois, Nicole Kangu est la seule femme judoka à avoir un niveau élevé dans la hiérarchie des ceintures en judo. Elle est ceinture noire 1erdan active. Elle est née le 22 mai 1968 et pèse 85 kg. Actuellement elle vit en Europe. Pour ce qui est des autres disciplines, le volley-ball, les femmes tournent toujours en rond. Par contre pour le football, les femmes se démerdent pas mal.