Denise Epoté fait la fierté du continent. Directrice Afrique sur la chaîne française TV5 Monde, cette journaliste émérite a été décorée en Mars dernier lors de la 21ème édition du Fespaco à Ouaga. Elle a été élevée au rang d’Officier des Arts et Lettres dans le domaine de la Télévision et de la Presse écrite par M. Philippe Sawadogo, ministre de la Communication, de la Culture et du Tourisme du Burkina Faso. L’heureuse récipiendaire s’est confiée en exclusivité à Top Visages.
Aînée d’une famille de quatre enfants, Denise Laurence Djengué Epoté est née le 22 novembre 1954 à Nkongsamba au Cameroun. Son père, Jean-Claude Epoté, aujourd’hui à la retraite, a été contrôleur des Finances. Sa mère, Mispa Florina Mbella, a servi comme cadre au Trésor de Yaoundé.
A l’annonce des résultats, elle est la seule femme admise au concours. Contre toute attente, son père lui permet de s’inscrire alors dans cette école. Après sa formation, elle commence sa carrière à la radio et lorsque la télé camerounaise (CRTV) ouvre ses portes, elle se fait engager et devient alors la première femme à présenter le journal de 20 heures. Ainsi commence la fulgurante carrière de journaliste de Denise Epoté. Parcours auréolé de plusieurs distinctions et décorations. Aujourd’hui, elle est la première Africaine à diriger avec brio, le département Afrique de la chaîne française TV5 Monde.
• Quels sentiments vous animent après votre décoration par l’Etat burkinabé ?
- Je suis flattée ainsi que TV5 Monde également. Comme le ministre burkinabé, Philippe Sawadogo, l’a si bien dit au cours de la cérémonie, TV5 a toujours été présente aux différentes éditions depuis 1995 du Fespaco. Cela permet de donner une certaine visibilité à ce festival. Donc à travers ma personne, c’est la chaîne TV5 qui est honorée.
• Vous ne vous attendiez pas à cette distinction en venant à Ouaga ?
- J’avoue que j’avais été prévenue avant de quitter Paris. Je savais que quelque chose était prévue pour moi. Le ministre de la Communication m’avait dit que je serais décorée pendant le Fespaco. Mais être élevée au rang d’Officier à la faveur d’un tel évènement, j’avoue que je ne m’y attendais pas du tout.
• Ce n’est pas la première fois que l’on vous honore ainsi…
- J’ai déjà eu le grand privilège d’être décorée par le Sénégal, la France et le Cameroun. J’ai été honorée au rang de Chevalier de l’Ordre du mérite national. Mais là, le Burkina Faso surclasse tout le monde en me décorant au rang d’Officier. Et je suis la seule femme pour le moment à être distinguée à un tel rang.
• Considérez-vous cela comme le couronnement de votre carrière de journaliste ?
- Je ne peux pas dire cela. Dans la mesure où je ne m’attends pas forcément à ces décorations quand je travaille. Ce sont les gens qui sont autour de moi qui apprécient tout ce que je fais. Et quand ils estiment que vous méritez qu’on vous distingue, ils prennent leurs dispositions pour le faire.
• Il y a des milliers de téléspectateurs africains qui suivent vos entretiens avec des Chefs d’Etat africains et Présidents d’institution internationale. Quel est votre se-cret pour vous introduire dans les couloirs feutrés de ces palais et institutions ?
- Tout est une question de procédure et il faut adopter tout simplement les bonnes méthodes. Qu’il s’agisse d’un Chef d’Etat ou d’une haute personnalité, il faut prendre toutes les dispositions possibles pour se faire annoncer. Si cela est fait, il faut se conformer ensuite à l’emploi du temps. C’est en fonction de cela qu’on vous reçoit. Parfois, les procédures sont longues. Il faut user de patience. Mais les téléspectateurs, eux, ils n’attendent seulement qu’un résultat. Ils veulent voir leur émission, c’est tout.
• Votre notoriété doit beaucoup vous aider, n’est-ce pas ?
- Ça, c’est vous qui le dites. Mais en général, j’obtiens toujours mes rendez-vous. Car je joue au résultat. Et ça, c’est important pour moi.
• Quelles sont les questions qui demeurent encore tabous pour ces hautes personnalités ?
- Moi, je fonctionne par rapport aux préoccupations des téléspectateurs. Qu’est-ce qu’ils veulent savoir ? C’est l’actualité brûlante qui prévaut sur le continent. Que ce soit une situation économique ou politique qui est d’actualité sur le continent, l’invité sera celui ou celle qui répondra aux préoccupations des téléspectateurs.
• Il arrive que les téléspectateurs ne soient pas satisfaits d’une rencontre avec un invité ?
- De toute façon, on ne fait jamais l’unanimité auprès des téléspectateurs à l’issue d’une interview. Ce que nous faisons, c’est d’informer les Africains sur l’actualité de leur continent et notre invité nous éclaire sur les grandes questions de l’heure en apportant des solutions aux problèmes posés. Sinon, en termes de débat, nous ne cherchons pas à faire l’unanimité. Car chacun est libre d’émettre ses opinions sur une question donnée.
• Quelles sont les difficultés que vous rencontrez au quotidien dans l’exercice de votre métier ?
- La grande difficulté est qu’on est toujours parti. On a peu de temps à consacrer aux siens. A part cela, quand on vous confie une mission, c’est qu’on vous a investi d’une certaine confiance. Quelque part, on attend un résultat de vous. Vous devez mériter cette confiance en apportant plus que ce que l’on attend de vous.
• Que donneriez-vous comme conseils aux jeunes qui vous suivent et qui aimeraient se lancer dans le journalisme ?
- Le journalisme est un métier très noble. On n’y vient pas quand on a raté sa vocation. Je dirai que c’est un métier d’élite qui a sa déontologie et qui demande une bonne formation et à la limite une certaine spécialisation. A ceux qui aimeraient embrasser ce grand métier, il faut avoir une grande probité morale. Car si vous cédez au gain facile et que vous laissez acheter votre conscience, vous avez tué votre carrière dans l’œuf. Donc il faut être convaincu de votre choix et foncer avec courage.
• Arrivez-vous à trouver un bout de temps quand même pour vous occuper de votre famille ?
En dépit du fait que je sois souvent entre deux avions, je trouve toujours le temps de m’occuper des miens.
• Et de faire aussi la cuisine, par exemple ?
Bien sûr ! Quand je dois recevoir des invités, je me charge personnellement de faire la cuisine.
• Etes-vous un cordon bleu ?
- Oh ! Je m’en sors bien dans la cuisine. Je sais faire des plats africains. Partant du ndolê à certaines recettes occidentales.
• Pourquoi vous vous faites appeler maintenant Denise Epoté ?
- C’est que je ne suis plus Mme Durand. J’ai divorcé. Je ne suis plus Denise Epoté Durand. Maintenant, c’est Denise Epoté tout court.
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