mardi 4 mars 2014

Centrafrique: la présidente plaide pour un "soutien massif"

mis à jour le 


La présidente de transition de la République centrafricaine, Catherine Samba-Panza, a averti lundi à Kinshasa que la stabilisation de son pays ne pourrait se faire dans les délais prévus sans un "soutien massif" de la communauté internationale.
"J'hérite d'un pays au bord du gouffre avec une insécurité généralisée, l'absence de l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire national, une catastrophe humanitaire sans précédent", a déclaré Mme Samba-Panza lors d'un discours à l'ouverture du deuxième Forum mondial des femmes francophones, qui se tient lundi et mardi dans la capitale congolaise.
"Avec la détermination que j'ai face à ce défi, nous arriverons au bout de la transition que nous nous sommes fixés, cependant sans un soutien massif et un accompagnement de la communauté internationale [...] l'objectif de la stabilisation du pays et du retour à un ordre constitutionnel dans les délais requis ne pourra être atteint", a-t-elle ajouté.
Entrée en fonction en janvier 2014, Mme Samba-Panza a pour mission de ramener l'ordre dans son pays meurtri par plus d'un an de guerre civile et d'affrontements intercommunautaires afin d'y organiser des élections au plus tard au premier semestre 2015.
Evoquant modestement son accession à la tête de la Centrafrique, Mme Samba-Panza, seule femme présidente de la République de l'espace francophone, a estimé que celle-ci était "l'aboutissement de [son] engagement constant en faveur de l'égalité entre les hommes et les femmes".
"Seule la femme peut apporter la paix, la cohésion nationale et réunir ceux que la politique a séparés", a-t-elle ajouté, dans un tonnerre d'applaudissements.
Lancé à Paris en mars 2013, le Forum mondial des femmes francophones tient sa deuxième édition à Kinshasa autour du thème : "Les femmes actrices du développement".
Plusieurs centaines de femmes venues des tous les pays de la Francophonie y participent. Les débats doivent déboucher sur des recommandations devant être présentées au prochain sommet de la Francophonie prévu pour novembre à Dakar.
Les discussions de Kinshasa doivent notamment servir à affirmer et défendre le droit à la scolarisation des filles. 


La femme pour l’avenir de l’Afrique

RENCONTRE DE KINSHASA SUR L’EDUCATION DES FILLES
  La femme pour l’avenir de l’Afrique
Publié le lundi 3 mars 2014

« On ne naît pas femme, on le devient », disait Simone de Beauvoir. C’est dire combien l’éducation est déterminante dans la formation de la personnalité d’une femme, dans la détermination de sa condition sociale. C’est donc noble que les femmes francophones se soient réunies à Kinshasa autour de ce sujet combien capital de l’éducation de la fille. Cette initiative est à saluer à sa juste valeur en ce sens que l’éducation de celles qui, en termes purement numériques, représentent plus de la moitié de l’humanité, est indispensable.
La femme, tout autant, et peut-être mieux que l’homme, est capable de prouesses dans tous les domaines
Elle est indispensable pour des raisons évidentes d’équité et de justice sociale. La femme, pour diverses raisons et dans certaines sociétés, même occidentales, a, pendant longtemps, été considérée comme incapable d’accomplir certaines tâches ou d’assumer certains droits. Elle était reléguée aux travaux ménagers. Mais, la preuve par l’action de certaines femmes dans le monde, a achevé de convaincre bien des gens qu’il faut se débarrasser des clichés. La femme, tout autant, et peut-être mieux que l’homme, est capable de prouesses dans tous les domaines. On en a la preuve avec de nombreuses femmes leaders dans divers secteurs d’activités à travers le monde. De toute façon et c’est peu de le dire, les hommes ont, à quelques exceptions près, failli dans la conduite des affaires publiques un peu partout sur le continent. Il est probablement temps que les femmes relèvent le défi. Il faudra donc de plus en plus de femmes qui, à l’image de Hellen Johnson Sirleaf, présidente du Liberia, conduisent leur pays avec modestie, courage et dignité. Il en faudra certainement comme Cathérine Samba- Panza, présidente par intérim de la Centrafrique, pour préserver le peu d’unité du pays qui reste et recoller les morceaux là où la cupidité et la violence des hommes auront semé le chaos. Le monde a besoin de toutes ces femmes qui se battent, souvent dans le silence, pour faire triompher la paix. Ce n’est pas à dire que tout est parfait chez les femmes. Mais, elles montrent très souvent qu’elles sont plus sensibles à la honte, au déshonneur, que les hommes. Ce qui n’est pas sans intérêt dans un monde où ces valeurs se dérobent sous les pieds de bon nombre de nos dirigeants. La scolarisation massive des filles, qui devient de plus en plus une réalité sur le continent africain, devrait servir de limon à la prise de postes de responsabilités par les femmes à tous les niveaux de la vie socio-économique et politique. Dans bien des centres urbains, la prise de conscience, pour ce qui est des avantages de la scolarisation des filles, est réelle. Le retard dans les campagnes est certainement lié à une insuffisance de sensibilisation, et aux pesanteurs socioculturelles encore vivaces dans ces milieux. En effet, la scolarisation de la femme (encore considérée comme une « étrangère » dans certaines communautés africaines, une personne appelée à quitter ses parents pour une autre famille à son mariage), n’a pas toujours été une priorité pour les parents. Mais les choses sont en train de changer. Même dans les villages les plus reculés, l’instruction est devenue une valeur-clé et les parents veulent que tous leurs enfants soient au rendez-vous du savoir et qu’ils profitent, d’une manière ou d’une autre, de ses bienfaits. Ainsi, malgré les disparités, de plus en plus de parents, au fil des années, envoient leurs enfants, sans distinction de sexe, à l’école à l’effet de leur faire « apprendre à lier le bois au bois » selon la formule de la Grande Royale dans L’Aventure ambiguë de Cheick Amidou Kane.
Il faudra veiller à ce que les conclusions et recommandations de ces rencontres ne dorment pas dans les tiroirs
Les conditions de vie et de travail de la femme connaissent ainsi des améliorations. Pour promouvoir et renforcer cette tendance, il faudra éviter tout ce qui stigmatise la femme. Par exemple, les différents postes de promotion de la Femme en Afrique, ne doivent pas être perçus et traités comme des magistères pour femmes. Certes, qui mieux que la femme pour connaître et traiter les problèmes de la Femme ? Il peut s’avérer important que les femmes soient au premier plan dans ce genre d’institutions, elles qui connaissent bien les problèmes qu’elles vivent. Mais cela n’est pas vraiment une nécessité. Bien des femmes font leur travail avec dignité et exemplarité. Mais, très souvent, par égoïsme ou par naïveté, certaines femmes sont à l’origine des malheurs de la Femme. Parvenues aux fonctions d’où elles peuvent prendre des initiatives pour aider leurs sœurs, certaines femmes se transforment en véritables louves pour leurs sœurs et mères. C’est le cas de toutes celles qui ne pensent à leurs sœurs qu’en termes de « bétail électoral » qu’on mobilise à coups de « djanjoba » et de pagnes, qu’on gave de promesses sans lendemain. C’est également le cas de toutes ces femmes qui, par le truchement d’associations aux slogans pompeux, tirent malhonnêtement profit d’une prétendue lutte pour l’amélioration des conditions de vie des femmes, en détournant les fonds alloués par de généreux donateurs. Dans ce cas de figure et pour paraphraser Thomas Hobbes, on peut dire que « la femme est une louve pour la femme ». En tout cas, il n’est pas rare de voir, sous nos tropiques, des femmes s’entre-déchirer pour mieux se mettre au service des hommes. Il faudra donc que ce genre de rencontres qui donnent à la femme sa véritable place dans la société et où la réflexion est le maître-mot, se multiplient. Certes les « djandjoba » peuvent représenter pour toutes les femmes violentées, des occasions réelles de se défouler. Mais, seule la réflexion peut leur apporter des solutions durables. Il faudra ainsi veiller à ce que les conclusions et recommandations de ces rencontres ne dorment pas dans les tiroirs. C’est à ce prix que l’embellie en termes d’accès des filles aux infrastructures éducatives, à une éducation de qualité, pourra se poursuivre de façon satisfaisante. Ne dit-on pas, eu égard à tout ce que l’éducation de la femme peut avoir comme impact sur son entourage, qu’« éduquer une femme, c’est éduquer une nation » ? Il convient donc d’y travailler sans relâche. Car, la femme est l’avenir de l’Afrique, l’avenir du monde tout simplement.
« Le Pays »

États-Unis: Lupita Nyong’o: Première actrice noire de nationalité africaine à remporter un Oscar


Lupita Nyong'o remporte l'Oscar de la Meilleure Actrice de Soutien pour son premier long métrage, "12 Years A Slave"
Nyong'o, qui a joué le rôle de Patsey dans le film, a remercié son directeur, Steeve mcQueen, et l'équipe - ainsi que la femme qui a inspiré son personnage. "Je ne peux oublier un seul instant qu'il y a tant de joie dans ma vie parce qu'il y a eu tant de douleur dans celle de quelqu'un d'autre. Et je tiens à saluer l'esprit de Patsey", a déclaré une Nyong'o en larmes en recevant son prix. "Quand je pose mes yeux sur cette statue dorée, elle me rappelle à moi et à chaque petit enfant que peu importe où vous êtes, vos rêves sont valables" rapporte CTV News. Les autres nominées étaient Sally Hawkins, Jennifer Lawrence, Julia Roberts et June Squibb.
à gauche de haut en bas: Hattie McDaniel, Whoopi Goldberg, Halle Berry au centre: Lupite Nyong'o à droite de haut en bas: Jennifer Hudson, Mo'nique, Octavia Spencer
A gauche de haut en bas: Hattie McDaniel, Whoopi Goldberg, Halle Berry
au centre: Lupite Nyong'o (Photo: Just Jared)
à droite de haut en bas: Jennifer Hudson, Mo'nique, Octavia Spencer.
Le film «12 years A Slave» du britannique Steeve McQueen remporte l'Oscar du Meilleur Film devant les longs métrages «American Hustle», «Captain Phillips», «Dallas Buyers Club», «Gravity», «Her», «Nebraska», «Philomena» et «The Wolf of Wall Street».
C'est le premier film d'un réalisateur noir à obtenir la récompense suprême.
Seulement 6 femmes noires avaient gagné un oscar à ce jour. Lupita est donc la 7e sur la liste et la 1e femme noire de nationalité africaine (kényane), à remporter un Oscar.
«12 years a slave» le 1e film d'un réalisateur Noir à remporter la récompense suprême, L'Oscar du meilleur film.
«12 years a slave» le 1e film d'un réalisateur Noir à remporter la récompense suprême, L'Oscar du meilleur film.
Bref retour sur les Oscars remportés par des femmes noires avant Lupita Nyong'o.
5 oscars de la meilleure actrice de soutien:
- Hattie McDaniel, Première Artiste Noire à obtenir un Oscar, pour le rôle de "Mammy" dans le film "Gone with the Wind" en 1940,
- Whoopi Goldberg pour le rôle de "Oda May Brown" dans le film "Ghost" en 1990,
- Jennifer Hudson pour le le rôle de "Effie White" dans le film "Dreamgirls" en 2007,
- Mo'nique pour le rôle de "Mary Lee Johnston" (la mère de Precious) dans le film "Precious" en 2010,
- Octavia Spencer pour le rôle de '"Minny Jackson" dans le film "The Help" en 2012;
1 oscar de la meilleure actrice féminine:
Halle Berry pour le rôle de "Leticia Musgrove" dans le film "Monster's ball" en 2001.
Félicitations à Lupita Nyong’o, Steeve McQueen et toute l'équipe du film «12 Years a Slave» !!!
AfroConcept News

Lupita Nyong’o: « Je priais Dieu pour être plus claire de peau ».


Honorée lors de la soirée, Lupita Nyong’o (nominée aux Oscars) s’est exprimée devant un parterre d’invités comprenant entre autres Oprah Winfrey, Kerry Washington ou encore Angela Bassett.
Lupita Nyongo'o (a gauche : au Women In Film Pre-Oscar Cocktail Party et a droite au 7ème dîner annuel des « Femmes noires à Hollywood », organisé par le magazine afro-américain ESSENCE)
Lupita Nyongo'o (a gauche : au Women In Film Pre-Oscar Cocktail Party et a droite au 7ème dîner annuel des « Femmes noires à Hollywood », organisé par le magazine afro-américain ESSENCE)
Lors de son discours, l’actrice a évoqué la difficulté qu’elle a eu à accepter sa couleur de peau et comment elle en est arrivée à s’aimer telle qu’elle est aujourd’hui. Retrouvez plus bas l’extrait de son discours:
"Je voudrais profiter de cette opportunité pour parler de beauté, la beauté noire, la beauté foncée. J’ai reçu une lettre d’une fille et j’aimerais partager un extrait avec vous: « Chère Lupita, je pense que tu as vraiment beaucoup de chance d’être aussi noire et d’avoir du succès à Hollywood malgré tout en aussi peu de temps. Je m’apprêtais à acheter la crème éclaircissante « Whitenicious » (commercialisée par la chanteuse Dencia) pour m’éclaircir la peau, jusqu’à ce que tu apparaisses aux yeux du monde et m’en empêche. »
Mon coeur a saigné en lisant ces mots, je n’aurais jamais imaginé que mon premier boulot en sortant d’école serait aussi puissant qu’il ferait de moi l’incarnation de l’espoir, tout comme l’ont été les femmes de l’oeuvre « The Color Purple » pour moi.
Je me souviens de l’époque où moi aussi, je ne me sentais pas belle. Quand j’allumais la télévision, je ne voyais que des peaux pâles, on se moquait de moi parce que mon teint était aussi sombre que la nuit. Ma seule prière à Dieu, le faiseur de miracles, était que je me lève le matin avec une peau plus claire. Le lendemain matin, j’étais si pressée de voir ma nouvelle couleur de peau que je ne me regardais même pas avant de me retrouver devant un miroir. Et tous les jours, c’était la même déception: j’étais aussi sombre que le jour d’avant. J’ai essayé de négocier avec Dieu, je lui ai dit que j’arrêterais de voler les cubes en sucre la nuit s’il me donnait ce que je voulais, que j’écouterais tout ce que ma mère me dirait, que je ne perdrais plus jamais le pull de mon école s’il me rendait plus claire de peau. Mais je suppose que mes propositions n’impressionnaient pas vraiment Dieu parce qu’il ne m’a jamais écouté.
Quand je suis devenue adolescente, je me détestais encore plus, comme vous pouvez l’imaginer. Ma mère me rappelait souvent qu’elle me trouvait belle mais ça ne comptait pas, c’est ma mère, bien sûr qu’elle est censée me trouver belle. Et puis…. Alek Wek arriva.
Un mannequin qu’on célébrait, elle était aussi noire que la nuit, elle était sur tous les podiums et dans tous les magazines. Tout le monde parlait de sa beauté. Même Oprah Winfrey la trouvait belle et ça en faisait quelque chose de vrai. Je n’arrivais pas à croire que les gens trouvaient belle une femme qui me ressemblait autant. Le teint de ma peau avait toujours été un obstacle à surmonter et tout d’un coup, Oprah me disait que ça ne l’était pas. J’étais perplexe et je voulais m’y opposer car j’avais déjà commencé à profiter de la séduction qu’il y a dans l’inadéquation. Mais une fleur avait déjà commencé à grandir en moi depuis que j’avais vu Alek, elle était mon reflet et je ne pouvais pas le nier.
J’avais désormais du ressort, parce que je me sentais plus remarquée, plus appréciée par les lointains gardiens des portes de la beauté. Mais autour de moi, les choses n’avaient pas changé, je n’étais toujours pas belle. Et ma mère me répétait encore qu’on ne pouvait pas manger la beauté, que ce n’était pas quelque chose qui nous nourrit. Ces mots me dérangeaient, je ne les comprenais pas jusqu’à ce que je réalise que la beauté n’est pas quelque chose qui s’acquiert ou s’achète, c’est quelque chose qu’il faut juste être.
Et ce que ma mère voulait dire par « on ne mange pas la beauté » c’est qu’on ne peut pas dépendre de ce à quoi on ressemble pour exister. Ce qui est fondamentalement beau c’est la compassion pour soi-même et ceux qui vous entourent. Ce type de beauté enflamme votre coeur et enchante votre âme. C’est ce qui a créé tant d’ennuis entre Patsey* (personnage qu'elle incarne dans le film "12 year a slave") et son maître, mais c’est aussi ce qui a fait que son histoire soit encore connue jusqu’aujourd’hui. On se souvient de la beauté de son esprit même après que la beauté de son corps ait disparu.
J’espère donc que ma présence sur les écrans et dans les magazines puisse, chère jeune fille, te mener sur le même chemin. Que tu ressentiras l’acceptation de ta beauté extérieure mais aussi, que tu travailleras à être belle de l’intérieur.
Il n’y a aucune honte dans la beauté noire."
Source : fashizblack.com

vendredi 10 janvier 2014

Mariéme Jamme, tête pensante des nouvelles technologies en Afrique

Mariéme Jamme, une "activiste" des réseaux de solidarité et d’échange qui dépassent les frontières
Mariéme Jamme, une "activiste" des réseaux de solidarité et d’échange qui dépassent les frontières
Mariéme Jamme

Par Sabine Cessou
Chef d’entreprise et activiste, Mariéme Jamme se bat pour l’essor du continent africain grâce aux nouvelles technologies. Elle figure sur la liste 2013 des Young Leaders - « Jeunes dirigeants » - dressée par le Forum économique mondial. Elle avait été classée en 2012 par le magazine Forbes parmi les 20 jeunes femmes les plus influentes d’Afrique.

Née au Sénégal, diplômée en France et installée à Londres, Mariéme Jamme, à 39 ans, a déjà une longue carrière derrière elle. Issue d’une famille aisée, elle aurait pu se contenter du confort de la vie à Dakar. Mais elle part étudier en France et multiplie les petits boulots pour financer, en toute indépendance, son Master de marketing et communication. Une agence d’intérim, à Paris, jette son CV à la poubelle et lui conseille de faire… des ménages !
Elle décide alors d’améliorer son anglais à Londres, où elle trouve « le climat beaucoup moins raciste qu’en France ». Elle poursuit ses études avec un MBA à l’Université du Surrey. Embauchée sans difficulté par la Citibank puis par JP Morgan et Lloyds, elle devient manager chez les fabricants de logiciels Oracle et Microsoft. Elle prend la nationalité britannique et fonde à la naissance de son premier enfant la société Spot One Global Solutions. Sa vocation : aider des fabricants de logiciels à s’implanter en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. Son bureau de consultants compte aujourd’hui 16 salariés, mais elle veut voir plus large et plus loin.
Penser l’avenir de l’Afrique

Les nouvelles technologies, elle en est convaincue, changent radicalement la donne en Afrique. « Avec le téléphone portable, explique-t-elle, on peut savoir où se trouve le bureau de vote le plus proche, organiser le travail dans les champs, anticiper sur la météo ». Pour discuter des impacts concrets des réseaux sociaux et d’Internet avec des experts et des entrepreneurs, elle fonde un think tank dénommé « iConscience ». Elle lance par ailleurs en 2008 une plateforme globale, Africa Gathering (Rassemblement Afrique), pour échanger sur le développement avec des gens qui partagent son point de vue, à la fois positif et critique. Son approche reste résolument pragmatique : « En Afrique, nous n’avons pas l’écosystème pour créer des entreprises, écrit-elle. Le manque de financements constitue un problème quasi-insurmontable. D’autant plus que les entrepreneurs ont besoin d’être encadrés de façon très suivie. Il est urgent d’équiper les jeunes Africains avec les outils qui leur permettent de créer de la richesse à partir de leurs idées ».

Plus que l’argent : le savoir et la stratégie
Mariéme Jamme fait partie des entrepreneurs sociaux qui instaurent en 2010 le prix annuelApps4Africa (A4A), soutenu par le Département d’Etat américain, pour récompenser jusqu’à hauteur de 10 000 dollars les concepteurs de logiciels et applications dédiés à l’essor du continent. Ce qui ne l’empêche pas de questionner l’utilité de ces prix, dans les colonnes du journal britannique The Guardian: « Les compétitions, écrit-elle, pourraient offrir beaucoup plus que de l’argent - du savoir et des guides stratégiques ». Elle s’inquiète de voir émerger quelques « poches » d’excellence dans une industrie des nouvelles technologies qui reste plombée par son contexte en Afrique. A commencer par un problème d’accès à l’éducation.
Elle se décrit comme une « activiste » et veut créer des réseaux de solidarité et d’échange qui dépassent les frontières. Non sans courage, elle place la question de l’éthique au cœur de son discours. Son site Internet recommande ainsi de « rester calme et se souvenir de Nelson Mandela ». Rien ne peut arrêter cette femme brillante, qui a une nouvelle idée à la minute. Elle participe ainsi au projet WeForest, qui vise à reboiser 20 000 km2 de terres sur la planète pour lutter contre la malnutrition et le réchauffement climatique. Elle a lancé le Jjiguene (« femme » en wolof) Tech Hub, un réseau qui aide les jeunes Sénégalaises à étudier les sciences, la technologie, l’ingénierie et les maths. Elle a rejoint en 2013 l’équipe de Microsoft dénommée 4Afrika, en tant que conseillère sur les projets de soutien à la création de start-up par de jeunes africains. Son parcours fait déjà d’elle un role model. Un exemple positif à suivre…