jeudi 19 juillet 2012

Côte d'Ivoire : neuf femmes condamnées pour excision, une première


Neuf femmes ont été condamnées mercredi à Katiola, dans le nord de la Côte d'Ivoire, à un an de prison pour l'excision d'une trentaine de fillettes, à l'issue du premier procès d'exciseuses dans le pays, un événement salué par l'ONU.Ces femmes, âgées de 46 à 91 ans, ont été reconnues coupables de "mutilation génitale féminine" pour quatre d'entre elles, et de "complicité" pour les autres, pour l'excision d'une trentaine de fillettes en février à Katiola (400 km au nord d'Abidjan) lors d'une cérémonie rituelle.Elles ont toutes été condamnées à un an de prison et 50.000 FCFA (75 euros) d'amende."Cette condamnation est la première du genre en Côte d'Ivoire" et "permettra de réduire le phénomène de l'excision", s'est réjoui auprès de l'AFP Patrick Yedess, chargé des questions d'état de droit au sein de l'Opération des Nations unies dans le pays (Onuci), présent au tribunal."Selon des sources concordantes, il n'y avait pas encore eu de jugement d'exciseuses en Côte d'Ivoire", a confirmé à l'AFP à Abidjan Suzanne Maïga Konaté, représentante résidente du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA)."Par le passé, il y a eu des arrestations de femmes exciseuses, mais ces cas se limitent au commissariat avec règlement à l'amiable, sans aboutir à des jugements et condamnations, suite aux interventions de parents et des communautés locales", a-t-elle souligné.Toutefois, les neuf femmes condamnées ne seront pas incarcérées, en raison de leur âge, selon l'UNFPA.La pratique de l'excision perdure en Côte d'Ivoire, où elle touche environ 36% des femmes selon une enquête nationale de 2006 et 42% selon l'étude d'une ONG.Elle est particulièrement courante au sein de certaines communautés musulmanes du Nord et animistes de l'Ouest (autour de 70-80% des femmes), malgré son interdiction votée en 1998 et suivie de nombreuses initiatives en faveur de son éradication.Une fillette de trois ans est décédée fin 2011 des suites de ses blessures liées à cette pratique traditionnelle à Dabakala, à 80 km au nord-est de Katiola.
Slate afrique avec AFP

Afrique du Sud: Winnie Mandela défie encore la direction de l'ANC

l'auteur Slate Afrique avec l'AFP

l'ex-épouse de Nelson Mandela, a ouvertement défié la direction de l'ANC, au pouvoir en Afrique du Sud, en s'affichant mercredi aux côtés d'opposants exclus du parti pour indiscipline à l'occasion du 94e anniversaire du grand homme, a rapporté la presse jeudi.Winnie Madikizela-Mandela s'est rendue mercredi à Qunu (sud-est), le village d'enfance de Nelson Mandela où il s'est retiré, flanquée de Julius Malema, président de la Ligue de jeunesse de l'ANC, exclu du parti pour indiscipline et de deux de ses lieutenants qui ont été suspendus, a raconté The Sowetan."Merci beaucoup pour nous faire voir qu'il est possible de libérer économiquement notre peuple et améliorer son quotidien", a-t-elle notamment lancé à Malema, qui milite pour une nationalisation des mines et des banques sans compensation et à une saisie des terres exploitées par les fermiers blancs.Principal opposant à la direction du président Jacob Zuma, Malema s'est fait connaître par son discours populiste, ses provocations et ses nombreuses attaques visant la communauté blanche (10% de la population sud-africaine environ), qui vit toujours confortablement et a gardé les principaux leviers du pouvoir économique après dix-huit ans de pouvoir de l'ANC.Il a été exclu de l'ANC fin avril, officiellement pour indiscipline, alors que la justice commence à s'intéresser à son luxueux train de vie, qui contraste fortement avec la pauvreté de ceux qu'il défend.Winnie Madikizela-Mandela, elle même souvent taxée de populisme, avait déjà vertement critiqué l'ANC il y a une semaine, estimant que le parti --dont elle est toujours députée-- n'utilisait la famille Mandela que quand il en avait besoin."Notre pays est en sérieuse difficulté car nous faisons des promesses, et ces promesses ne sont pas tenues", a-t-elle encore attaqué mercredi, selon The Sowetan.Winnie devait inaugurer une garderie en compagnie de Graça Machel, l'actuelle épouse de Nelson Mandela, mais cette dernière a quitté les lieu avant la cérémonie expliquant qu'elle ne pouvait plus attendre une Winnie qui avait plus d'une heure de retard. Winnie et les anciens dirigeants de la Ligue de jeunesse sont arrivé aussitôt après, a raconté le journal.

Nkosazana Dlamini-Zuma, une ex de choc à la tête de l'Union africaine


15/07/2012 à 22h:45 Pierre Boisselet
L'ex-femme de Jacob Zuma avec Hillary Clinton, à Washington en mars 2009. © AFPSi la nouvelle présidente de la Commission de l'Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, a été mariée avec le président Jacob Zuma, elle ne lui doit pas sa position. Cette figure du parti au pouvoir siègeait au gouvernement depuis 1994.Publié le 26/10/2011, mis à jour le 15/07/2012.Certes, c’est une « Zuma ». Oui, elle est ministre d’un gouvernement présidé par son ex-mari. Comme lui, elle est zouloue. Mais il ne faut pas s’y méprendre : Nkosazana Dlamini-Zuma, élue ce dimanche à la tête de la Commission de l'Union africaine, ne doit rien – ou si peu – à Jacob Zuma.Ministre sans interruption depuis l’élection de Nelson Mandela en 1994, c’est un poids lourd du Congrès national africain (ANC, parti au pouvoir en Afrique du Sud). Lors de la conférence de Polokwane, en 2007, son nom a même circulé pour succéder à Thabo Mbeki à la présidence. À 62 ans, elle gère un portefeuille important, celui de l’Intérieur. La compétence de cette travailleuse discrète, qui est parvenue à redresser un ministère autrefois synonyme d’inefficacité et de corruption, est unanimement reconnue.Militante antiapartheid depuis l’adolescence, elle s’exile dans les années 1970. Elle étudie la médecine en Angleterre avant de revenir sur le continent, au Swaziland. C’est là qu’elle rencontre Jacob Zuma, qu’elle épouse au début des années 1980 (la date exacte de leur mariage est incertaine). Après la chute de l’apartheid, Nelson Mandela la nomme ministre de la Santé. Son baptême du feu politique est rude : elle croise le fer avec les groupes pharmaceutiques sur la question des brevets et se retrouve accusée de mal gérer le budget de la prévention contre le sida. Nkosazana Zuma (comme on l’appelle encore à l’époque) était pourtant l’une des premières à alerter sur la gravité de l’épidémie, à une époque où le déni dominait chez ses pairs. Les critiques la touchent. C’est alors qu’« elle se retire dans une coquille défensive », note William Gumede, auteur d’un ouvrage de référence sur Thabo Mbeki, dont elle est très proche.BûcheuseEn 1998, elle divorce de Jacob Zuma. « Je crois qu’elle ne supportait plus ses autres femmes, indique Jeremy Gordin, biographe de l’actuel président sud-africain. Mais ils ont gardé un profond respect l’un pour l’autre. »L’année suivante, Thabo Mbeki confie à cette militante de la renaissance africaine le portefeuille des Affaires étrangères. À ce poste, qu’elle occupera pendant dix ans, Nkosazana Dlamini-Zuma se taille à l’Union africaine une réputation de bûcheuse coriace. Pour perfectionner son français, elle n’hésite pas à passer trois semaines en immersion dans l’Hexagone. Après dix-sept années au sommet dans son pays, une haute responsabilité à l’échelle du continent - avec son lot de crises - l'attend désormais. Lire l'article sur Jeuneafrique.com : Portrait: Nkosazana Dlamini-Zuma, une ex de choc à la tête de l'Union africaine Nkosazana Dlamini-Zuma Nouvelle présidente de la Commission de l'UA
Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique

lundi 16 juillet 2012

Le combat de Melinda Gates pour le planning familial


La communauté internationale et plusieurs pays en développement se sont engagés à renforcer les programmes de planning familial, au cours d’un sommet tenu à Londres, le 11 juillet 2012. Melinda Gates, codirigeante de la Fondation Bill et Melinda Gates, est l’une des principales organisatrices de cette nouvelle initiative.

Melinda Gates au sommet de Davos, 2010, by World Economic Forum via Flickr CC

partager


Slate Afrique - Apres la lutte contre le sida, le paludisme et la mortalité maternelle et infantile, la Fondation Bill et Melinda Gates s’engage dans la promotion du planning familial dans les pays en développement. Pourquoi ce choix?

Melinda Gates - C’est une décision conjointe que nous avons prise, sans hésiter, avec mon époux Bill. Nous avons passé beaucoup de temps à analyser les programmes de planning familial développés dans les pays pauvres, ces trente à quarante dernières années.

Les résultats de ces recherches nous ont totalement convaincus. En plus de cela, sur un plan plus personnel, j’ai été marquée lors de mes nombreux séjours dans les pays en développement, en Afrique notamment, par les récits de femmes qui veulent planifier leurs familles mais ont beaucoup de mal à accéder aux contraceptifs.

Le planning familial présente des bénéfices énormes. Promouvoir la contraception permet non seulement de sauver la vie de millions de femmes et d’enfants mais aussi d’assurer un avenir plus radieux pour les enfants et les familles, et donc des pays entiers.

Nous avons choisi d’investir plus d’un milliard de dollars, d’ici 2020, dans le planning familial. Parce que nous y croyons et nous sommes convaincus de l’impact qu’un tel investissement peut avoir sur les vies de millions de personnes à travers le monde.

Aider à sauver des vies

Slate Afrique - Pourquoi, malgré les programmes de planning familial mis en œuvre ces dernières décennies, plus de 220 millions de femmes n’utilisent toujours pas de contraceptifs?

Melinda Gates - Le problème majeur, c’est l’accès. Contrairement aux idées reçues, beaucoup de femmes en Afrique et ailleurs ont entendu parler des méthodes contraceptives et aimeraient bien les utiliser.

Mais, lorsqu’il faut parcourir plusieurs kilomètres pour s’entendre dire que le centre médical est en rupture de stock de contraceptifs, comme m’a expliqué une femme au Niger, on comprend que, c’est malgré elles que beaucoup de femmes se voient obligées de renoncer à la contraception. Je pense donc que le nerf de la guerre, comme c’est souvent le cas, c’est l’argent.

Aucune des grandes luttes engagées à travers le monde ne s’est faite sans financements massifs.

Si je prends le cas de mon pays, les Etats-Unis, la lutte contre le cancer du sein n’a vraiment commencé à produire des résultats que lorsqu’elle a commencé à recevoir des financements conséquents.

L’erreur que nous avons faite les décennies précédentes c’est de penser que le planning familial ou les programmes de santé maternelle et infantile pouvaient se faire avec des bouts de chandelles.

Le sommet de Londres [du 11 juillet 2012, ndlr] nous permet de changer la dynamique sur la question et de commencer à engranger les ressources nécessaires pour répondre aux attentes de 120 millions de femmes en matière de planning familial, d’ici 2020, et ce faisant, d’éviter la mort de plus de 3 millions d’enfants et plus de 50 millions d’avortements.

Slate Afrique - La lenteur des progrès n’est-elle pas plutôt due à l’hostilité affichée de certains acteurs importants, notamment religieux, vis-à-vis du planning familial qu’ils lient à l’avortement?

Melinda Gates - Il faut que cela soit clair, nous faisons la promotion de la contraception et non pas de l’avortement, qui est d’ailleurs illégal dans plusieurs pays qui seront couverts par les programmes que nous finançons.

Il y a, peut être, des réticences. Mais de plus en plus de personnes sont obligées de se rendre à l’évidence. J’ai rencontré par exemple un jeune imam au Sénégal qui a indiqué avoir changé de position vis-à-vis du planning familial après avoir perdu sa femme en couche.

Aujourd’hui, il fait partie d’un groupe de religieux qui ont compris que le planning familial n’est pas incompatible avec les préceptes de la religion musulmane et qui font passer le message dans leurs communautés.

Ce genre de dialogue intercommunautaire est très important, si l’on veut obtenir des résultats durables.


Lu sur Slate Afrique

Nkosazana Dlamini-Zuma, une ex de choc à la tête de l'Union africaine

15/07/2012 à 22h:45

L'ex-femme de Jacob Zuma avec Hillary Clinton, à Washington en mars 2009. L'ex-femme de Jacob Zuma avec Hillary Clinton, à Washington en mars 2009. © AFP

Si la nouvelle présidente de la Commission de l'Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, a été mariée avec le président Jacob Zuma, elle ne lui doit pas sa position. Cette figure du parti au pouvoir siègeait au gouvernement depuis 1994.

Publié le 26/10/2011, mis à jour le 15/07/2012.

Certes, c’est une « Zuma ». Oui, elle est ministre d’un gouvernement présidé par son ex-mari. Comme lui, elle est zouloue. Mais il ne faut pas s’y méprendre : Nkosazana Dlamini-Zuma, élue ce dimanche à la tête de la Commission de l'Union africaine, ne doit rien – ou si peu – à Jacob Zuma.

Ministre sans interruption depuis l’élection de Nelson Mandela en 1994, c’est un poids lourd du Congrès national africain (ANC, parti au pouvoir en Afrique du Sud). Lors de la conférence de Polokwane, en 2007, son nom a même circulé pour succéder à Thabo Mbeki à la présidence. À 62 ans, elle gère un portefeuille important, celui de l’Intérieur. La compétence de cette travailleuse discrète, qui est parvenue à redresser un ministère autrefois synonyme d’inefficacité et de corruption, est unanimement reconnue.

Militante antiapartheid depuis l’adolescence, elle s’exile dans les années 1970. Elle étudie la médecine en Angleterre avant de revenir sur le continent, au Swaziland. C’est là qu’elle rencontre Jacob Zuma, qu’elle épouse au début des années 1980 (la date exacte de leur mariage est incertaine). Après la chute de l’apartheid, Nelson Mandela la nomme ministre de la Santé. Son baptême du feu politique est rude : elle croise le fer avec les groupes pharmaceutiques sur la question des brevets et se retrouve accusée de mal gérer le budget de la prévention contre le sida. Nkosazana Zuma (comme on l’appelle encore à l’époque) était pourtant l’une des premières à alerter sur la gravité de l’épidémie, à une époque où le déni dominait chez ses pairs. Les critiques la touchent. C’est alors qu’« elle se retire dans une coquille défensive », note William Gumede, auteur d’un ouvrage de référence sur Thabo Mbeki, dont elle est très proche.

Bûcheuse

En 1998, elle divorce de Jacob Zuma. « Je crois qu’elle ne supportait plus ses autres femmes, indique Jeremy Gordin, biographe de l’actuel président sud-africain. Mais ils ont gardé un profond respect l’un pour l’autre. »

L’année suivante, Thabo Mbeki confie à cette militante de la renaissance africaine le portefeuille des Affaires étrangères. À ce poste, qu’elle occupera pendant dix ans, Nkosazana Dlamini-Zuma se taille à l’Union africaine une réputation de bûcheuse coriace. Pour perfectionner son français, elle n’hésite pas à passer trois semaines en immersion dans l’Hexagone. Après dix-sept années au sommet dans son pays, une haute responsabilité à l’échelle du continent - avec son lot de crises - l'attend désormais.


Lu sur Jeuneafrique.com