lundi 16 juillet 2012

Le combat de Melinda Gates pour le planning familial


La communauté internationale et plusieurs pays en développement se sont engagés à renforcer les programmes de planning familial, au cours d’un sommet tenu à Londres, le 11 juillet 2012. Melinda Gates, codirigeante de la Fondation Bill et Melinda Gates, est l’une des principales organisatrices de cette nouvelle initiative.

Melinda Gates au sommet de Davos, 2010, by World Economic Forum via Flickr CC

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Slate Afrique - Apres la lutte contre le sida, le paludisme et la mortalité maternelle et infantile, la Fondation Bill et Melinda Gates s’engage dans la promotion du planning familial dans les pays en développement. Pourquoi ce choix?

Melinda Gates - C’est une décision conjointe que nous avons prise, sans hésiter, avec mon époux Bill. Nous avons passé beaucoup de temps à analyser les programmes de planning familial développés dans les pays pauvres, ces trente à quarante dernières années.

Les résultats de ces recherches nous ont totalement convaincus. En plus de cela, sur un plan plus personnel, j’ai été marquée lors de mes nombreux séjours dans les pays en développement, en Afrique notamment, par les récits de femmes qui veulent planifier leurs familles mais ont beaucoup de mal à accéder aux contraceptifs.

Le planning familial présente des bénéfices énormes. Promouvoir la contraception permet non seulement de sauver la vie de millions de femmes et d’enfants mais aussi d’assurer un avenir plus radieux pour les enfants et les familles, et donc des pays entiers.

Nous avons choisi d’investir plus d’un milliard de dollars, d’ici 2020, dans le planning familial. Parce que nous y croyons et nous sommes convaincus de l’impact qu’un tel investissement peut avoir sur les vies de millions de personnes à travers le monde.

Aider à sauver des vies

Slate Afrique - Pourquoi, malgré les programmes de planning familial mis en œuvre ces dernières décennies, plus de 220 millions de femmes n’utilisent toujours pas de contraceptifs?

Melinda Gates - Le problème majeur, c’est l’accès. Contrairement aux idées reçues, beaucoup de femmes en Afrique et ailleurs ont entendu parler des méthodes contraceptives et aimeraient bien les utiliser.

Mais, lorsqu’il faut parcourir plusieurs kilomètres pour s’entendre dire que le centre médical est en rupture de stock de contraceptifs, comme m’a expliqué une femme au Niger, on comprend que, c’est malgré elles que beaucoup de femmes se voient obligées de renoncer à la contraception. Je pense donc que le nerf de la guerre, comme c’est souvent le cas, c’est l’argent.

Aucune des grandes luttes engagées à travers le monde ne s’est faite sans financements massifs.

Si je prends le cas de mon pays, les Etats-Unis, la lutte contre le cancer du sein n’a vraiment commencé à produire des résultats que lorsqu’elle a commencé à recevoir des financements conséquents.

L’erreur que nous avons faite les décennies précédentes c’est de penser que le planning familial ou les programmes de santé maternelle et infantile pouvaient se faire avec des bouts de chandelles.

Le sommet de Londres [du 11 juillet 2012, ndlr] nous permet de changer la dynamique sur la question et de commencer à engranger les ressources nécessaires pour répondre aux attentes de 120 millions de femmes en matière de planning familial, d’ici 2020, et ce faisant, d’éviter la mort de plus de 3 millions d’enfants et plus de 50 millions d’avortements.

Slate Afrique - La lenteur des progrès n’est-elle pas plutôt due à l’hostilité affichée de certains acteurs importants, notamment religieux, vis-à-vis du planning familial qu’ils lient à l’avortement?

Melinda Gates - Il faut que cela soit clair, nous faisons la promotion de la contraception et non pas de l’avortement, qui est d’ailleurs illégal dans plusieurs pays qui seront couverts par les programmes que nous finançons.

Il y a, peut être, des réticences. Mais de plus en plus de personnes sont obligées de se rendre à l’évidence. J’ai rencontré par exemple un jeune imam au Sénégal qui a indiqué avoir changé de position vis-à-vis du planning familial après avoir perdu sa femme en couche.

Aujourd’hui, il fait partie d’un groupe de religieux qui ont compris que le planning familial n’est pas incompatible avec les préceptes de la religion musulmane et qui font passer le message dans leurs communautés.

Ce genre de dialogue intercommunautaire est très important, si l’on veut obtenir des résultats durables.


Lu sur Slate Afrique

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