Quels progrès ont-ils été réalisés dans la lutte pour faire participer les femmes à l’exercice du pouvoir et assurer leur protection en République démocratique du Congo ? Le Collectif des femmes congolaises pour la paix et la justice raconte l’histoire de ces femmes
Bien qu’elles représentent plus de 50 % de la population du pays, les femmes comptent pour moins de 9 % seulement dans le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC). Hélène Madinda espère changer cela.
L’obtention d’un diplôme en communication sociale et politique avait conduit Hélène Madinda, originaire de la région du Kasaï, de RDC en Belgique il y a 15 ans. Cependant ici, lorsqu’elle a entendu les récits, qui ne sont hélas que trop familiers à ceux qui connaissent l’histoire récente de la RDC, de viols et de meurtres de femmes et d’enfants, elle a décidé de s’engager dans le cadre du Collectif des femmes congolaises pour la paix et la justice (CFCPJ).
L’absence de moyens financiers, le préjugé général selon lequel les femmes sont la propriété de leur famille, les mariages précoces et le manque d’éducation font que les droits et les opinions des femmes sont rarement pris en compte
L’accord de paix conclu après la guerre en RDC, que d’aucuns surnomment « la capitale mondiale du viol », a été particulièrement important pour les femmes congolaises. Toutefois, comme le fait observer Hélène Madinda, « les femmes n’ont pas participé au processus, aux négociations ». Elles ont été pratiquement absentes des pourparlers de paix. «C’est la raison pour laquelle nous avons lancé le Collectif des femmes congolaises pour la paix et la justice - pour donner une voix aux femmes, les laissées-pour-compte du processus.»
Mme Madinda dresse un tableau sombre de la situation des femmes en RDC. En tant que gardiennes du foyer, ce sont essentiellement elles qui ont la charge de se procurer ce qui est indispensable à la survie quotidienne de leur famille. Une bonne partie de l’économie congolaise est donc tributaire des femmes, qui sont responsables de la fourniture des denrées alimentaires et des produits nécessaires au ménage. Mais ces mêmes femmes n’ont ni le droit de conserver, ni celui de gérer l’argent qu’elles gagnent. Cette absence de moyens financiers, ajoutée à un préjugé général selon lequel les femmes sont la propriété de leur famille ou de leur mari, aux mariages précoces et au manque d’éducation font que les opinions et les droits des femmes sont rarement pris en compte.
Mais le CFCPJ œuvre pour remédier à ces pratiques et pour permettre une plus grande autonomisation des femmes congolaises. Actuellement, l’organisation se bat pour que les droits de la femme soient reconnus, pour que les filles puissent terminer leur éducation, pour que les mariages avant l’âge de 16 ans soient interdits et pour que les femmes puissent profiter du fruit de leur production économique.
Le fait qu’elles n’ont pas le droit de gérer librement leurs propres finances est un élément majeur de leur représentation insuffisante au gouvernement. L’organisation d’une campagne politique en RDC peut s’avérer très coûteuse. Étant donné qu’elles ne disposent pas des moyens financiers nécessaires pour se présenter à un poste politique, les candidates - et le point de vue bien spécifique qu’elles véhiculent - se retrouvent, pour l’essentiel, à l’écart du gouvernement. Et si les femmes ne peuvent se faire entendre de manière significative au gouvernement, leur manque d’autonomisation risque de persister.
Le CFCPJ espère pouvoir remédier à cette situation au cours de la période conduisant aux prochaines élections, en œuvrant pour que les femmes occupent des postes à responsabilités dans tous les secteurs du gouvernement, notamment l’armée et la police. La voix de ce groupe tenu à l’écart pourra ainsi mieux se faire entendre à propos de tous les aspects de la vie quotidienne, en particulier la sécurité.
Le développement futur du pays en général, et de son économie en particulier, est intimement lié à la situation des femmes congolaises
Hélène Madinda pense que la gouvernance dans son pays natal n’est pas aussi bonne qu’elle aurait été susceptible de l’être après l’indépendance nationale. Le fait de vivre à Bruxelles lui a permis de connaître une forme de gouvernement différente et d’apprendre le fonctionnement des processus de gestion d’une démocratie. Elle souhaiterait rentrer un jour en RDC pour y transférer cette connaissance.
« La Belgique n’a pas besoin de moi » dit-elle. « C’est un pays développé, qui n’a aucun besoin de mon expérience, de ma formation. » Mais elle a le sentiment que la RDC pourrait bénéficier des enseignements qu’elle a acquis et espère pouvoir retourner au pays avant les prochaines élections pour former les femmes sur la base de son expérience belge. Elle admet néanmoins qu’un tel retour ne sera pas aisé, surtout du fait que « les droits humains ne sont pas respectés. »
Mais pour Hélène Madinda, le développement futur du pays en général, et de son économie en particulier, est intimement lié à la situation des femmes congolaises.
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