Par Journaldebrazza.com - 28/07/2011
Lancé par le ministre de la communication à l’occasion de la sortie du film documentaire« Mouato » consacré à ces populations du Congo
Le ministre de la communication et des relations avec le Parlement, M. Bienvenu Okiémy, a appelé le 26 juillet 2011, à Brazzaville, les peuples Bantous à reconnaître les droits des femmes autochtones, en vue de les aider à s’autonomiser plus efficacement dans leurs identités culturelles et leurs traditions. Cette appel a été lancé à l’occasion de la projection du film documentaire « Mouato » ou la vie des femmes autochtones, qui met en exergue les difficultés auxquelles se heurtent quotidiennement les peuples autochtones dont singulièrement les femmes. Ce film a été réalisé par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) grâce au talent de son réalisateur congolais, M. Alain Nkodia dans le cadre de la célébration de la journée internationale des peuples autochtones. Ce film configure la nature de notre intervention solidaire à l’égard de la femme autochtone sans intentionnalités civilisatrices, mais en lui apportant néanmoins l’information supplémentaire susceptible d’améliorer sa prise en charge au sein d’une société, a fait savoir M. Okiémy.
© unfpa.org
Jaquette du DVD du film "Mouato: La vie des femmes autochtones au Congo"
La loi congolaise n°5 -2011 du 25 février 2011, portant promotion et protection des droits des peuples autochtones, initiée par le ministre d’Etat, garde des sceaux, ministre de la justice et des droits humains, Me Aimé Emmanuel Yoka et promulguée par le président de la République du Congo, M. Denis Sassou-N’guesso, a dit le ministre Okiémy, s’inscrit dans la logique de la lutte contre les discriminations basées sur les origines sociales et identités culturelles. L’alinéa 1er de l’article 2 de cette loi stipule que: «les populations autochtones, groupes et individus sont libres et égaux en droits et en dignité comme tous les autres citoyens de la nation», a-t-il rappelé. Ainsi, les développements historiques du Congo, émaillés d’épisodes aussi humiliants que ceux de la colonisation avec son cortège d’ingrédients discriminants dans lequel le statut d’indigène était associé à des pratiques (…) du roi, n’autorisaient pas, que soit renvoyé aux calendes grecques, le règlement juridique de la question des discriminations et particulièrement la place des populations autochtones dans le pays, a-t-il ajouté. Les résolutions prises par l’Assemblée générale des Nations Unies démontrent l’importance de la mobilisation autour de cette question de la protection des peuples autochtones, a-t-il poursuivi, précisant que la place de la femme autochtone déjà fragilisée par celle très différenciée auprès de sa propre communauté de par sa précarité sanitaire, appelle à un sursaut d’attention et d’intérêt pour sa condition. Il s’agit de poursuivre le combat en faveur de la protection du genre y compris dans le cas des peuples autochtones dès que les barrières ségrégationnistes sont levées.La femme on le sait bien et en tous lieux, constitue la vie sans laquelle rien ne peut se faire sur la planète, a-t-il relevé. Les dispositions spécifiques pour la promotion et la protection des peuples autochtones expriment la volonté de la puissance publique de sauvegarder la dignité et l’épanouissement de groupes des populations dont le mode de vie n’épouse pas celui de l’écrasante majorité de leurs concitoyens, a fait savoir le ministre Okiémy, qui a, par ailleurs, remercié la ministre des affaires sociales, de l’action humanitaire et de la solidarité, Mme Emilienne Raoul pour son soutien. Interrogé par la presse à l’issue de cette projection, le ministre d’Etat, coordonnateur du Pôle de la souveraineté, garde des sceaux, ministre de la justice et des droits humains, Me Aimé Emmanuel Yoka, a souhaité que les médias congolais amplifient les efforts du gouvernement en s’adressant aux Bantous qui créent les discriminations. De son côté, la sénatrice Philomène Fouty-Soungou, après avoir visionné ce film, a qualifié de suicide le fait pour les hommes de prendre en mariage les filles de 9 à 10 ans, tout en déplorant les comportements des Bantous qui se permettent de battre les autochtones parce que ces derniers n’auraient pas fait un travail demandé. Aussi a-t-elle invité les Bantous à vivre avec les peuples autochtones particulièrement dans les zones où ils existent.
Le Représentant Résident de l’UNFPA au Congo, M. David Lawson a, pour sa part, fait référence au dernier recensement général de la population de 2007, où la population autochtone représente moins de 2% des 3,7 millions d’habitants au Congo, alors qu’en l’absence de chiffres précis avant cette date, elle était estimée à 10%. Cette réduction significative peut donc laisser craindre un risque d’extinction à long terme, a-t-il souligné. Selon lui, la production de ce film documentaire a été motivée, entre autres, par la vulnérabilité des femmes autochtones aux infections sexuellement transmissibles et au Sida, dont la majorité a une totale méconnaissance. En 2007, en effet, seuls 11% des adolescents autochtones connaissaient le Sida et 60% d’entre eux n’avaient jamais vu un préservatif. Les jeunes femmes autochtones sont également victimes de viols, plus de 10% d’entre elles ayant subi des rapports sexuels non consentis. Facteur aggravant, au sein des communautés autochtones, la sexualité reste généralement taboue, ce qui rend plus difficile la dénonciation et la prise en charge sanitaire et psychologique des victimes de violences sexuelles, a noté M. Lawson. Les femmes par leur rôle à la fois reproductif et productif, sont le fondement du bien-être des familles et des communautés. En milieu autochtone comme ailleurs, elles doivent être encouragées à prospérer, par l’éducation, l’autonomisation sociale et économique. Elles doivent aussi bénéficier de la loi sur la parité hommes-femmes aux fonctions politiques, administratives et électives, dont l’adoption est imminente. Elles fréquentent peu les centres de santé publique, par culture, et elles sont aussi mal accueillies ou victimes de discriminations. Ainsi, moins de 20% d’entre elles se rendent aux consultations prénatales durant la grossesse, et seules 24% d’entre elles accouchent à l’hôpital, contre 80% pour les autres Congolaises. Elles accouchent dans la forêt parfois avec l’aide d’accoucheuses, mais le plus souvent seules avec des risques majeurs pour l’enfant à naître et pour elles-mêmes en cas de complication, a-t-on appris à cette occasion. Ce film qui a été présenté à la communauté internationale, en avant-première à New York, en marge de la dernière session de l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones, au cours d’un événement spécial organisé par l’UNFPA. Il a suscité auprès des délégués gouvernementaux, autochtones et de la société civile d’autres pays, un vif intérêt et émotion. Il figurera dans les programmes de l’Institut Français du Congo et sera rediffusé sur la chaîne nationale congolaise, accessible dans le monde entier par l’intermédiaire de Canal Satellite, a dit M. Lawson.
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