samedi 11 février 2012

Congo Brazzaville : des femmes leaders, c'est possible !

Lundi 24 mai 2010


Victimes de préjugés sexistes dans leurs familles, à l’école et au travail, les Congolaises doivent se battre pour obtenir des postes à responsabilités. Certaines y parviennent, deviennent leur propre patron ou obtiennent la reconnaissance de leurs chefs.

Au Congo Brazzaville, les femmes peinent à être appréciées à leur juste valeur. De l’indépendance à aujourd’hui, elles ont toujours été faiblement représentées dans les institutions et les postes à responsabilités. L’actuel gouvernement, appelé Chemin d’avenir, de Denis Sassou Nguesso qui, sur 37 ministres, ne compte que cinq femmes, ne fait pas exception à la règle. Elles ne sont que huit sur 137 députés et sept sur 66 sénateurs. Selon Bernadette Ebaka, directrice au ministère de la Promotion de la femme, les patronnes d’entreprise ou directrices générales ne seraient par ailleurs qu’une dizaine, secteurs privé et public confondus.
Cette faible représentativité à des postes clés serait d’abord culturelle. "Avant même le collège, la maman souhaite que sa fille l’aide à accomplir les petits travaux ménagers pour l’initier à ses tâches de future femme au foyer", observe Mme Mbemba, chef de service du secrétariat du ministère de l’Enseignement primaire et secondaire chargé de l’alphabétisation. Les filles sont donc retirées plus tôt de l’école que les garçons et sont de moins en moins nombreuses au collège, au lycée et à l’Université.
Pour Arlette Bakou, conseillère du ministre de la Promotion de la femme du Congo, qui a ratifié en 1980 la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, est "suffisamment avancé en matière de droits, mais reste à mettre en pratique toutes ces lois". Elle ajoute : "Celles qui se démarquent des autres et bénéficient de la confiance de leur supérieur développent leurs talents et font preuve de professionnalisme dans l'exercice de leurs fonctions."
Rufin Mahinga, directeur de publication du Manager, un journal où quatre des six employés sont des femmes, se réjouit ainsi de leur apport pour son entreprise : "C’est grâce à elles que le journal a connu un essor. Elles ont bâti un bon plan marketing pendant que les hommes semblaient moins préoccupés par la question. Quand on intéresse les femmes à quelque chose, elles le font avec leur cœur. "

"Jouer la dame de fer"

À force de ténacité, certaines parviennent à vaincre au moins en partie les préjugés qui les pénalisent dans leurs familles, à l’école ou au travail. Quelques unes obtiennent des postes à responsabilités, plus facilement dans les secteurs de la santé, de l’enseignement, de la restauration et de l’hôtellerie. À l’image de Sophie Biantouari, sociologue, écrivaine et gouvernante de l’hôtel Léon à Brazzaville, qui explique : "Quand vous gérez des hommes, il faut au quotidien toujours être derrière eux. Si vous les laissez seuls, rien ne se fera. Il y a un temps où il faut jouer la dame de fer et un autre où il faut être souple."
Pour faire bloc face aux hommes qui les stigmatisent encore, des femmes participent régulièrement à des ateliers sur le leadership, organisés notamment par les autorités. Sylvie Niombo, présidente exécutive de l’Ong congolaise Azur développement, propose des formations pour les femmes rurales : "Chaque année, nous formons une trentaine d’entre elles au leadership et à l’utilisation des nouvelles technologies, des armes qui leur permettent de s’épanouir." Grâce à une de ces formations, Anne Thyde Koumba a appris à maîtriser l’outil informatique et est aujourd'hui gestionnaire d'un cybercafé, une responsabilité jusque-là plutôt réservée aux hommes.
Un petit début pour les Congolaises, bien décidées à montrer à ceux qui en doutent encore que leur pays ne peut se passer des compétences de plus de 52 % de sa population. Il reste cependant du chemin à faire pour atteindre par exemple le Rwanda où les femmes sont actuellement majoritaires au Parlement.

Marien Nzikou Massala

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