La condition des femmes en Afrique s'est de beaucoup dégradée au point qu'il n'est pas exagéré d'affirmer que la décennie qui leur a été consacrée a été perdue. Les formations sociales africaines engagées dans les programmes d'ajustement structurel des institutions financières internationales sont réduites à payer les interets de la dette en ponctionnant le panier de la ménagère et en engageant encore plus les femmes dans la production. Pourtant, meme l'orsque les objectifs de la croissance sont atteints(ce qui est rare) la qualité de vie de ces femmes ne s'améliore pas pour autant. Leur contribution à l'agriculture, à la production alimentaire, à la reproduction, et aux travaux domestiques deplus en plus accrue, passe autant inapercues dans les PNB que dans les politiques de développement nationales. Historiquement, dans les sociétés africaines traditionnelles, elles ont toujours pratiquement eu à jouer un rôle fondamental. L'esclavage, l'ère coloniale et capitaliste ont perturbé ces structures en introduisant une division du travail alliénante pour elles. Il en résulte cette intrication des rapport socio-économiques défavorables que ne peuvent toutefois occulter les autres auto-régulateurs, qu'elles maintiennet ou construisent(solidarité familliale, clanique, communalisme, associations tontines, etc.). Ceci est une preuve que loin d'etre des victimes passives, les africaines luttent de plus en plus.
Une condition aliénante
Selon qu'elles soitent hiérarchisées ou égalitaires, les sociétés traditionnelles africaines n'étaient pas forcément fondées sur le patriarcat, et ont majoritairement réservé une position stratégique à la femme. La division sexuelle du travail ayant la plupart du temps confié la quasi-exclusivité de l'agriculture vivrière et de sa gestion aux descendantes de celles qui ont domestiqué les premieres les plantes. Tant que la rationalité marchande était inexistante, une complémentarité caracterisait les rapports homme-femme fondés sur l'auto-production et l'auto-consommation familliale. L'introduction des économies de traite va boulverser l'équilibre des cultures vivrieres en valoriant les cultures commerciales desormais dévolues à l'homme pourvoyeur du foyer. Dans les années '70, à mesure que s'intensifiait le délire développementiste, des gouvernements s'attelèrent à accroître la productivité rurale intégrant de plus en plus les femmes à ces cultures d'exportation. Les femmes finirent donc par cumuler 60 a 80% des tâches agricoles et des travaux de transformation. Cette surcharge de travail s'est effectuée sans amélioration des conditions de vie de la plupart d'entre-elles confinées aux corvées de rigueur (quete de l'eau, des bois, soin des enfants etc.). La plupart des femmes qui ont émigré en zone urbaine sont piégées par la crise. Leur faiblesse financière dans un environnement ou ce moyen regne, est aggravé par le fait que les modeles de développement de type capitaliste n'y ont pas favorisé un emploi feminin, puisque les hommes abondent, sous employés d'une main d'oeuvre bon marché. Au plus heritent-elles des retombées du développement à l'occidentale (maitresse, infirmière, dactylo etc..). pourtant leur travail rémunéré ou non est énorme. Malgré qu'elles soient défavorisées par l'éducation et la formation professionnelle, des femmes africaines résitent pour ne pas etre dépendantes de leurs maris au niveau financier. Cela, meme si des structures patriarcales arc-boutées sur des rigidités religieuses ou culturelles les confinent de plus en plus aux secteurs dits informels, ou elles excellent démontrant une faculté d'organisation qui contribue à altérer les dénigrements de leur capacités productives. Malheureusement, dans l'urbanisation déficiente des villes africaines, leur débrouillardise peut prendre des proportions négatives, avec comme conséquence, leur marginalisation dans les travaux serviles, la prostitution, etc.. Quant à celles qui auront eu accés à la richesse ou au travail, elles ne peuvent etre considerées émancipées que si elles sont indifférentes aux extravagances materielles et s'opposent a l'illégalité et aux pratiques dégradantes pour leur dignité. La condition la plus aliénante est certainement celle des sud-africaines. En Afrique du sud, cas unique et exaspéré, la triple oppression des femmes noires(raciales, sexuelle, de classe) est dramatique. Le "une femme, un vote" qui a permis l'abolition de l'apartheid ne va pas necessairement faire disparaître le fait que la majorité de ces femmes continueront à vivre la paupérisation dans les townships et autres ex-bantoustans. En Afrique australe, les luttes de libération ont fait miroiter des promesses quant à la libération de la femme. Meme si les progrés réalisés en ce domaine sont appréciables on ne peut apres l'euphorie, taire le désenchantement qu'ont produit certaines expériences. Il est essentiel à la lumière justement des désillusions provoquées par les "socialismes existants" que s'articule une réflexion saine sur la transition au socialisme. On ne peut mettre "la charrue avant les boeufs" et attendre une hypothétique transformation des rapports socio-économiques, avant d'intégrer les revendications des femmes. Les femmes, à cause de la crise et de la nature de la dialectique des sexes, ont initié l'interchangeabilité des tâches. Voilà pourquoi le changement social que supporte le GRILA en faveur des femmes est l'élément d'un tout basé sur le principe de compter sur ses propres forces et oeuvrer pour "déconnecter" sélectivement du marché mondial.De la lutte des femmes et de notre engagement.
Les femmes ont conquis et doivent se faire reconnaître leur place dans la production. Elles doivent jouir d'une indépendance économique et d'un pouvoir politique pour empécher qu'à l'orée de l'an 2000 la division de classe fondamentale soit avant tout sexuelle. Elles ne doivent pas etre vouées à n'exister que pour servir l'enfant, l'homme, la famille et la société. Cela, certaines l'ont compris-- et d'autres sont en voie de le faire-- et elles s'organisent pour y pallier. C'est bien là l'exigence d'un developpement endogene qui implique que se fasse un changement des mentalités et des rapports homme-femme. Le devoir de l'homme ici est d'aider la femme à reprendre totalement son rôle pour changer la société, et à se réapproprier la moitié du pouvoir et donc sa dignité. L'image de cette carte postale (ci dessus) est volontairement idéaliste et provocatrice. Elle est la première d'une série consacrée à l'émancipation de la femme africaine. Elle a pour ambitieux objectif de contribuer à la sensibilisation des intervenant-e-s au développement, et du grand public particulièrement les africains et les africaines à l'interchangeabilité des tâches, à l'abolition du pouvoir mâle, à l'éducation égale, à l'acces égal, à l'accés équitable aux ressources, bref à la réconciliation des deux sexes pour un développement effectif. Ce changement social préconisé n'est donc pas exclusivement féministe, mais davantage une unité totale a atteindre. L'homme modelé au sexisme, contraint psychologiquement à jouer au maitre est aussi objectivement sa propre victime. La femme, solidaire de l'homme africain exploité l'est doublement. Il est dès lors essentiel que les mentalités évoluent vers un autre stade. Il est inconcevable que les petites filles africaines comme Aicha, et cela bien avant les jeunes garçons comme Kader, soient partie prenante du processus de production. Elles sont dans les faits nées pour servir et etre serviables. Ce rôle ira croissant sans que ne se réduise l'autre pôle de leur existence, celui d'etre reproductrice, nourricière et pilier de la famille et de la nation. Ainsi, cette carte postale symbolise une aube nouvelle. Celle ou hommes et femmes jouiront de droits politiques, et socio-economique découlant des métamorphoses des moyens de production et des rapports socio-culturels. Dans une telle société la prostitution meme disparait car vestige d'une société basée sur l'exploitation et le mépris de la femme. La libération de la femme se fera par cette dernière. C'est une lutte multiforme qui selon les specifités de chaque culture et de chaque peuple aura une ampleur différente mais toujours importante. Notre conception n'idéalise pas la femme. Elle a comme l'homme ses défauts, autre argument s'il en faut de son égalité avec lui. Les changement pour lesquels nous oeuvrons seraient long à énumerer. Retenons qu'ils visent entre autre à supporter celles qui en Afrique s'attaquent aux pratiques traditionnelles ou culturelles qui affectent l'intégrité physique des femmes, (infibulation, excision, tatouage, scarification) qui en font des infirmes ou des objets sexuels de mâles, qui s'acharnent à leur faire mal. On ne pourrait dans la meme optique épargner des critères de beauté qui les incitent à éclaircir leur peau, à s'adonner aux maquillage blafards et aux cures d'amigrissement pour plaire et attirer l'attention des arrogants. La solidarité active du GRILA
A luta Continua
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