vendredi 3 février 2012

Glamour et activisme d’une surdouée pour la cause des immigrés


Yvette Jarvis a été confortablement élue conseillère municipale à la mairie d'Athènes © Courtoisie d’Yvette Jarvis

A Athènes, une politicienne et artiste surdouée, Yvette Jarvis, a un statut à part. Elle est vite devenue la voix des immigrés de toutes origines, en particulier des Africains. Championne sportive, mannequin, chanteuse et maestro de SouLuv, son propre groupe, animatrice TV, activiste féministe devenue conseiller municipal d’Athènes, cette Américaine de Brooklyn, diplômée magna cum laude de l’Université de Boston, est sans conteste la personnalité noire la plus connue de la capitale grecque sinon de tout le pays.

Aux élections locales de 2002, Yvette Jarvis a brigué et gagné haut la main un poste de conseiller municipal à Athènes. Alors que son parti, le PASOK, les avait alors perdues. Après son mandat, elle est devenue conseillère en matière d’immigration du nouveau maire, qui n’était même pas de son bord politique. Parallèlement à sa vie sportive, culturelle, politique, elle est Vice-présidente du conseil intérimaire de FARE (Football Against Racism in Europe) www.farenet.org, Présidente de BEWE (Black European Women’s Council) www.bewnet.eu et Vice-présidente de W.I.N. Hellas (Women In Need Hellas) www.winhellas.gr, toutes des organisations pour lesquelles elle fait du lobbying, notamment auprès des institutions européennes.

HG – Quelle est votre histoire avec la Grèce ?

YJ – Mon histoire avec la Grèce remonte aux années 80. Je jouais dans une équipe de basket-ball dans un collège grec à Boston, Massachusetts. Etant mariée à un joueur de basket grec, je suis venue vivre ici. J’ai pratiqué le basket professionnel, tout en m’ouvrant progressivement à maintes autres activités.

Au début des années 90, la situation des immigrants a commencé à changer, avec l’émergence d’un certain racisme, notamment contre les Albanais et les Africains. Jusque là je vivais dans un autre monde, celui de la mode et du glamour. Comme américaine, je n’étais pas considérée comme une immigrante. J’étais la plus importante personnalité noire du pays. J’ai commencé alors à participer à des talk shows sur le racisme et là je rencontrais les Africains et découvrais leurs problèmes. J’allais avoir un enfant, je ne voulais pas qu’il connaisse les problèmes auxquels sont confrontés les Noirs aux Etats-Unis.

HG – Comment en êtes vous arrivée à briguer des élections ?

YJ – Touchée par ces premiers signes de ségrégation, j’ai commencé un lobbying auprès du Parlement et des ministères sur la situation des immigrés. Suite à cela, j’ai décidé de me présenter aux élections sous l’étiquette du PASOK, devenant la première femme noire, à pareil poste. Je suis encore la seule personne noire à avoir été élue à une quelconque élection dans ce pays.

HG - Cela témoigne d’une ouverture d’esprit de la classe politique en Grèce ?

YJ – On pourrait le croire mais en réalité ce n’est pas tout à fait le cas. J’ai pu mettre les questions d’immigration en avant-plan dans l’esprit des gens. Après mon mandat, je suis devenue en 2006 conseillère en matière d’immigration du nouveau maire, Nikitas Kaklamanis. Je l’ai aidé à mette en œuvre des programmes divers en faveur des immigrés. Sur l’éducation, l’accès aux postes administratifs. Mais le gouvernement de Georges Papandreou qui s’était engagé à faire avancer la situation par exemple sur l’accession à la nationalité pour les enfants d’immigrés, s’est défaussé devant les difficultés. Le problème des politiques ici est leur habileté à la procrastination. Ils traitent les problèmes quand ils sont dos au mur. Du travail a été accompli, bien sûr, mais il y a tant encore qui doit être fait.

Hegel Goutier

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