(L'Avenir Quotidien 08/03/2012)
En marge du thème officiel de la Journée internationale de la femme 2012, à savoir « L’autonomisation des femmes rurales et leur rôle dans l’éradication de la pauvreté et de la faim, le développement et les défis actuels », Saint Augustin Maombi Mushunju constate avec amertume que la femme rurale est toujours mal récompensée, comparée à d’innombrables efforts qu’elle déploie au quotidien. De peur que ce thème pourtant bien trouvé ne représente une insulte de trop envers la femme rurale, « cette ‘’esclave’’ doit être libérée immédiatement ».
Respectueux de bonne tradition et soucieux d’apporter sa réflexion à la junte féminine congolaise, Saint Augustin Maombi, ce jeune auditeur d’entreprises condamne la marginalisation dont est victime la femme rurale. Cette marginalisation, loin d’être une traditionnelle discrimination de l’homme envers la femme, est beaucoup plus criante : c’est de la femme envers elle – même !
A ce jour encore, la femme rurale est comparable à cette vache à lait, une bête de somme, une poule aux œufs d’or mais que l’on regarde souvent d’un œil mal toisé. La femme rurale est comme une esclave à libérer toutes affaires cessantes.
Ainsi, parler de l’autonomisation des femmes rurales, frôle audace et insolence pour stigmatiser un vieux rêve ou une utopique pensée pieuse doublée d’intention non encore exprimée sur la liste des sujets à traiter. Gare à celles qui enfreindrait demain cette noble démarche, un peu comme à leur habitude, pour en faire un simple opium administré périodiquement à la femme défilante, toute de pagne neuf vêtue aux couleurs du 8 mars, pour au finish payer cette femme de la souche en monnaie de singe.
Pas une date affairiste
D’aucuns n’ignorent que c’est bien ces femme qui, comme des tremplins, des ponts ou encore des marches-pieds justifient véritablement l’ascension de leurs soi-disant sœurs qui s’étalent allégrement sur des canapés en ville, ou dans des sièges de velours d’une 4 X 4 climatisée à 10°.
Malheureusement, lors d’un bifteck destiné à la femme rurale, ses sœurs qui se sont frayé du chemin et de l’espace dans la ville se convertissent en sadiques prédatrices ! Elles lui vendent cher des pagnes de circonstance, qualité douteuse, piraterie aidant.
Le rôle de la femme rurale dans l’éradication de la pauvreté, le rôle de la femme rurale dans l’éradication de la faim, le rôle de la femme rurale dans le développement, les défis actuels de la femme rurale,…la chanson est la même. De quoi entendre M. Ban Ki-Moon, Secrétaire général des Nations Unies exhorter : « Investissons dans les femmes rurales… »
Des pistes à exploiter
La micro finance récolte un échec criant. Un financement quasi inaccessible par le plus pauvre et à des taux très élevés, en moyenne 4% le mois alors que la finance moderne ne dépasse pas 1.5%, atteignant difficilement 1% le mois par ailleurs !
Une solution commune est la bienvenue. La femme d’aujourd’hui, c’est la fille d’hier et la fille d’aujourd’hui sera la femme de demain, alors que doit – on faire pour assurer le présent et l’avenir de celle-ci ?
Mais il sied d’investir dans l’éducation de la fille d’aujourd’hui. Par rapport à la question, les chiffres sont au rouge. A Kinshasa même, la capitale de la Rdc, combien de filles sur 10, habitant de Dingi Dingi, dans la commune de Kisenso, Mbanza Lemba dans la commune de Lemba, Tshikapa dans le fin fond de Mont Ngafula,...ont été admises à l’examen d’Etat ?
Si ça va, on pourra alors penser aux villages comme Mabula, dans le Sud-Kivu, Ankoro et Pueto dans le Katanga, Ndekesha au Kasaï occidental,…. Non scolarisée, la femme rurale descendra aux enfers. D’autre part, il urge d’initier de véritable programme de renforcement de capacités de la femme rurale, sans base scolaire, en appliquant le modèle de formation adaptée comme il en est dans d’autres pays émergeants et ceux du sud.
La valorisation du mariage devrait être aussi le moteur de l’action, comme préconisé le 08.03.2011. La femme n’est pas du tout fainéante, encore moins peu intelligente. Elle devra occuper une place de choix car c’est elle l’amour, c’est aussi elle la Mater.
L’élite congolaise doit enfin prendre sa place, éclairer la société et non se nourrir, s’enrichir, profiter des faiblesses du système et manipuler les plus vulnérables pour s’engraisser éperdument.
Emmanuel Badibanga
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