mardi 27 mars 2012

En Côte d’Ivoire, les hommes interdisent la pilule aux femmes


L'AUTEUR

Slate Afrique



Bintou est une jeune Ivoirienne de 32 ans. À l’hôpital d’Abobo (banlieue d’Abidjan) où elle est internée depuis quelques jours, elle vient de mettre au monde son… sixième enfant. Mais, raconte l’agence de presse Inter Press Service (IPS), aux joies de l’enfantement semblent se mêler de sérieuses angoisses sur l’avenir. Réussira-t-elle à nourrir et éduquer sa progéniture? En effet, selon IPS, Bintou et son mari, Ibrahim, vivent une situation financière précaire depuis les violences qui ont éclaté après l’élection présidentielle de novembre 2010. Le mari a perdu son emploi, le ménage survit à peine et nourrir les enfants devient un véritable casse-tête. Pas question, cependant, d’arrêter d’en faire.

«Mon mari ne veut pas utiliser de préservatifs. Il estime que c'est contre la nature. Et je n'ose pas prendre la pilule contraceptive parce que je crains qu'il ne s’en rende compte», explique Bintou, avant d’ajouter au journaliste d’IPS, que c’est son mari qui «en tant que chef de la famille (…) prend les décisions sur la santé de la famille».

Simple docilité ou méconnaissance de tous les dispositifs et droits de femmes en matière de contraception dans le pays? IPS indique le cas de Bintou est aussi celui de nombreuses autres femmes en Côte d’Ivoire qui ne savent pas toujours comment accéder à certaines méthodes de contraception. À cela s’ajoute l’absence de service de planning familial dans les centres de santé.

«En effet, la capitale économique ivoirienne, qui compte au moins cinq millions d’habitants, ne dispose que d'un centre de santé qui offre des services de planning familial gratuitement. Il est situé dans les locaux de l'hôpital public de Yopougon, l’une des plus grandes banlieues d'Abidjan, qui se trouve à environ 15 kilomètres au sud-ouest d'Abobo», écrit IPS.

Mais, pour Nathalie Yao-N’Dry, médecin à l’hôpital d’Abobo, le problème, ce sont d’abord les hommes:

«Notre principal obstacle, c’est comment surmonter la perception patriarcale et culturelle selon laquelle l'homme prend toutes les décisions dans le foyer. Mais au même moment, les hommes disent que c'est la responsabilité de la femme de prendre soin des enfants et de leur santé, y compris sa propre grossesse, la naissance et les soins post-natals.»

La bataille pour le droit des femmes au planning familial semble encore avoir de beaux jours devant elle.

Lu sur IPS

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