Pendant que le débat sur la consommation des mineurs s’intensifie au niveau mondial, nous en venons à composer avec le fait que l’alcool n’est plus un problème qui affecte la population adulte uniquement. Dans cet article, j’enquête sur quelques-unes des raisons qui se cachent derrière les habitudes de consommation excessives des jeunes en Grande-Bretagne et en Belgique, pour comprendre si l’alcool est simplement un facteur de socialisation ou alors une drogue sociale. En outre, j’observe comment à travers les années la consommation d’alcool est devenue à la fois un symbole de l’émancipation féminine mais aussi de son emprisonnement.
La consommation d’alcool, dans la tradition africaine a longtemps été utilisée pour réguler les rôles de genre assignés socialement,
il est courant dans les sociétés africaines pour les hommes de consommer des quantités excessives d’alcool à l’occasion de la naissance d’un enfant, pour accueillir un visiteur, ou encore pour célébrer une cérémonie de mariage.
Les débits de bière ont à la base étés conçus pour les hommes, et les femmes qui y étaient aperçues étaient la plupart du temps des prostitués. Ces dernières années cependant, selon un rapport de l’OMS, «dans certaines sociétés les différences entre les sexes dans les habitudes de consommation ont diminué ». Depuis les années 1960 dans l’Ouest et peut-être les années 1970 pour l’Afrique, les femmes ont été plus impliquées dans l’économie de marché et ont donc eu accès à leur propre revenu et peuvent choisir de consacrer plus de temps aux loisirs. Un samedi soir dans une métropole africaine va vous raconter une nouvelle histoire; des rangées de jeunes femmes branchées indépendante et carriériste faisant éclater des bouteilles de champagne et sirotant des cocktails exotique.
Une enquête commandée par la Commission européenne, a couronné la Grande Bretagne « capitale de la défonce à l’alcool ». Cela signifie que les britanniques consomment plusieurs unités d’alcool en une seule séance. Au moins une fois par semaine à l’université, il y’avait une soirée alcoolisée à thème qui se nommait VodBull durant laquelle un gobelet de Vodka- Redbull était vendu à 1 pound. 20pounds plus tard la piste ressemblait à une scène digne d’un film d’horreur. Des filles étendues sur la piste, nageant dans leur propre vomi, d’autres violées dans le couloir, des talons cassés et les parties intimes exposées à la vue de tous. Le consensus est que la défonce à l’alcool chez les jeunes est le résultat de nombreuses restrictions établit sur l’alcool par le gouvernement britannique. D’autres soutiennent que la seule façon pour les boites de nuit et bars de se faire de l’argent auprès des jeunes gens fauchés est d’inventer des soirées sur le thème de l’alcool où un shot peut couter moins de 20 centimes.
Certains jeunes rwandais en Belgique ont donné un nouveau sens aux pré- et après- fêtes ; le vendredi soir il y’a une before, pour fêter l’arrivée du weekend ce qui implique la consommation de bières et spiritueux, vient ensuite la soirée en boite ou ils consomment d’avantage, suivie de l’ « after » à laquelle ils consomment encore plus d’alcool et qui se poursuit jusque samedi soir voire dans le pire des cas jusque dimanche après-midi. Fait inquiétant, les performances scolaires de ces jeunes sont au plus bas en raison de leur lutte pour combiner l’emploi du temps universitaire exigeant avec leur vie sociale. De plus, selon plusieurs sources, au cours de ces deux dernières années on a vu se développer une tendance chez les jeunes femmes rwandaises, qui en une séance boivent plusieurs verres de spiritueux tels que Jack Daniels et William Lawsons ou des shoots de Tequila qui contiennent 40% d’alcool par volume. Les bières et alcopops tels que Smirnoff qui d’habitude sont les boissons alcoolisés préférées des jeunes femmes sont désormais rarement consommées voire même tabous chez celles-ci. Souvent je me demande s’il n’y a pas un lien entre l’augmentation du taux d’alcoolisme chez les jeunes rwandais et les évènements tragiques qui se sont déroulés dans l’histoire du Rwanda. En parlant avec quelques jeunes j’ai pu conclure que dans plusieurs cas les problèmes issus de notre « statut de réfugié » sont à la racine de cette consommation excessive. L’alcool semble être capable d’enterrer temporairement les problèmes auxquelles les jeunes doivent faire face au jour le jour.(1)
De telles scènes ne sont pas uniquement communes à l’Europe, des amis qui ont été à l’université en Ouganda, au Nigéria, au Rwanda et en Afrique du sud m’ont assuré que les choses avaient mal tournés. Bien qu’on puisse avoir l’impression que l’alcoolisme chez les jeunes femmes est un phénomène accepté, la réalité est bien différente. Ce qui est socialement acceptable c’est une fille qui boit un cocktail exotique, ce qui est socialement toléré c’est une fille qui boit pour se souler. Il y a encore de nombreux stéréotypes liés à la femme qui va favoriser une pinte de bière au lieu d’une boisson « féminine », et ce particulièrement parmi les africains. A la suite de ces stéréotypes, de plus en plus de femmes protègent l’image qu’elles pourraient refléter en modérant leur consommation d’alcool en public tout en se laissant aller en privé.
Alors que la jeunesse est le temps de l’expression et la découverte, c’est aussi le moment où la société veut, principalement chez les jeunes femmes, nous imposer plusieurs restrictions. Malgré que nous vivons au 21ème siècle en Europe, nos valeurs africaines fondamentales et traditionnelles ne nous ont pas véritablement quittés, et d’ici là l’alcoolisme chez les jeunes femmes africaines continuera à être un autre sujet tabou. D’un point de vue européen, même si la société est indulgente envers les femmes qui boivent de l’alcool, plusieurs ont une histoire à propos des standards auxquels elles doivent répondre chaque jour. En écrivant cet article, je ne monte pas sur mes grands chevaux en jugeant d’autres femmes mais je les appelle plutôt à réexaminer leur relation avec l’alcool.
Quand elles ont parlé d’égalité, les leaders des droits des femmes ne voulaient pas dire qu’elles voulaient être comme des hommes, elles voulaient une société plus humaine où une femme était autorisée à être une femme au sens véritable du terme. Il ne s’agit donc pas de voir qui le fait le mieux, mais plutôt d’avoir la liberté de prendre la bonne décision pour vous en tant que femme dépourvue de toute influence extérieure. En fin de compte, il n’est pas si évident de savoir si la consommation d’alcool nous a libérées des chaines qui nous ont tenues liées au cours de tant de siècles.
Traduit par Honorine Sebatware
Version originale anglaise par Maziyateke
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