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L’affaire défraie la chronique au Cameroun depuis maintenant 6 mois et tient l’opinion publique en haleine.
Cela fait 217 jours que Vanessa Tchatchou, une jeune Camerounaise de 17 ans, n’a plus revu son bébé. Dans les heures qui ont suivi l’accouchement le 20 aout 2011, la petite fille a disparu de l’hôpital de Yaoundé, pourtant réputé pour être sécurisé.
Une magistrate avait alors été soupçonnée du vol d'un nourrisson mais elle affirmait l’avoir adoptée en toute légalité, raconte le quotidien Mutations.
Embarrassant au plus haut point les autorités, l’affaire s’est politisée. Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchiroma Bakari, avait organisé une conférence de presse le mois dernier.
Selon le gouvernement, c’est un couple qui aurait kidnappé le nouveau-né et en raison de l’état de santé fragile du nourrisson, celui-ci serait mort et enterré par le couple.
Le directeur général de l’hôpital a été limogé, un nouveau a été nommé.
Une thèse à laquelle ne peut croire ni la famille ni un grand nombre de Camerounais.
Les tests ADN effectués sur le bébé de la magistrate n’ont révélé aucun lien de maternité avec Vanessa. Tandis que ceux réalisés sur le bébé décédé ne pouvaient, selon le procureur de la République, donner des résultats probants vu l’état de décomposition avancée de l’enfant.
La jeune femme est aujourd'hui persuadée d’être victime d’un trafic de bébés organisé avec la complicité du personnel hospitalier et de hautes personnalités.
Pour maintenir la pression, Vanessa était restée depuis le mois d’août sur son lit d’hôpital et ne voulait en sortir tant que son nourrisson ne lui serait pas remis. Mais elle a été expulsée de force dans la soirée du 12 mars par la police camerounaise, explique le quotidien Mutations.
Son avocat affirme qu’elle a été traînée à même le sol, reconduite de force, légèrement blessée à son domicile, avant d’être amenée dans une clinique en état de choc, rapporte RFI.
Selon le porte-parole du gouvernement, sa présence troublait le bon fonctionnement de l’hôpital, et c’est «par compassion que l’administration a toléré jusque-là son sit-in».
Pour ceux qui la soutiennent, arrêter la lutte, «ce serait cautionner le trafic d’enfants au Cameroun».
«La lutte doit continuer, car Paul Biya, s’il veut montrer sa détermination à faire éclater la vérité, doit faire interpeller la magistrate soupçonnée. Si elle ne l’est pas pour vol du bébé de Vanessa Tchatchou, elle doit l’être au moins pour faux et usage de faux. Car elle a illégalement obtenu l’adoption d’un enfant», rapporte le Messager.
Beaucoup de zones d’ombre perdurent dans cette affaire et aujourd’hui une certaine paranoïa règnerait dans les hôpitaux camerounais, car selon la rumeur qui court, le personnel de santé participerait à un tel trafic.
Beaucoup reste à faire par le chef de l’Etat s’il veut démontrer qu’au-delà de la pression internationale, il veut véritablement y mettre un terme.
Un rapport publié par l’ambassade des Etats-Unis au Cameroun est accablant.
«Le Cameroun serait un pays d’origine, de transit et de destination pour les enfants victimes de la traite à des fins de travail forcé» note le rapport.
Lu sur Le Messager, RFI, Mutations, Cameroun Tribune
15.03.2012
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