Par LEXPRESS.fr, publié le 04/04/2012 à 11:16, mis à jour à 11:37
L'agression d'Alem Dechasa a été filmée par un vidéaste amateur et diffusée par la chaîne de télévision LBC. L'ONU demande une enquête sur la mort de la jeune femme.
Copie d'écran de Youtube
Après la diffusion d'une vidéo montrant Alem Dechasa, une domestique éthiopienne, violentée par son probable recruteur, le suicide de la jeune femme, choque l'opinion publique et relance le débat sur l'esclavage moderne.
Ces images ont boulerversé les Libanais, et amené l'ONU à s'emparer de cette affaire. La rapporteur spéciale des Nations Unies sur les formes modernes d'esclavagisme, Gulnara Shahinian, a demandé mardi au gouvernement du Liban de mener une enquête sur la mort d'Alem Dechasa, une domestique éthiopienne de 34 ans, qui s'est suicidée le 14 mars dernier. Elle s'est pendue avec un drap dans un hôpital psychiatrique où elle avait été amenée par la police, quelques jours après avoir été battue en pleine rue de Beyrouth.
Des défenseurs des droits de l'Homme à Beyrouth avaient déjà exprimé leur indignation au lendemain du suicide de la jeune femme, frappée par un homme, son recruteur selon la presse.
Des faits d'une rare violence
L'agression de la jeune Ethiopienne a été filmée par un vidéaste amateur et diffusée par la chaîne de télévision LBC. La vidéo (ces images peuvent être choquantes) montre la victime en train de crier et de se débattre face à un homme qui la tire dans une voiture en l'attrapant par les cheveux. Des faits violents qui ont enflammé les réseaux sociaux et suscité de vives réactions de la part des Libanais ainsi que des Ethiopiens.
"Comme beaucoup de gens dans le monde, j'ai regardé la vidéo montrant les violences physiques imposées à Alem Dechasa dans une rue de Beyrouth", a déclaré Gulnara Shahinian. "Je demande instamment aux autorités libanaises de mener une enquête exhaustive sur les circonstances qui ont conduit à sa mort", a-t-elle prié.
Et d'ajouter: "Ces images cruelles sur Internet me font penser aux nombreuses femmes migrantes que j'ai rencontrées au Liban lors de ma visite dans ce pays l'année dernière. Des femmes qui ont été victimes d'esclavagisme domestique m'ont raconté être sous le contrôle absolu de leur employeur" et "souffrir d'abus physiques, psychologiques et sexuels".
Les travailleurs migrants domestiques sont légalement invisibles
Le combat contre l'esclavage moderne
A la fin de sa visite au Liban en octobre 2011, la rapporteur spéciale des Nations Unies avait demandé au gouvernement libanais de légiférer en faveur de la protection des quelque 200.000 travailleurs domestiques que compte le Liban. "Les travailleurs migrants domestiques, dont la plupart sont des femmes, sont légalement invisibles", avait-elle déclaré lors de cette visite et "cela les rend particulièrement vulnérables".
D'autres experts indépendants de l'ONU pour les droits de l'Homme se sont joints à l'appel de Mme Shahinian et ont exprimé leur condamnation des violences physiques imposées à Alem Dechasa. Il s'agit de François Crépeau (migrants), Rashida Manjoo, (violences faites aux femmes), Juan E. Mendez (torture et traitement dégradants, cruels et inhumains), et Kamala Chandrakirana (Groupe de travail sur la discrimination faite aux femmes).
Avec
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