lundi 17 décembre 2012

Mannequin, un métier d’avenir pour les albinos



L'Auteur

Anne Collet

L’industrie de la mode toujours à la recherche d’idées qui frappent les esprits, a misé sur les mannequins albinos. Celles-ci ont été cette année très tendance et très demandées par les créateurs internationaux, comme on a pu le voir au mois d’octobre lors de la fashion week de Johannesburg. Parmi elles, Thando Hopa s’est particulièrement singularisée. Âgée de 23 ans, Hopa, est devenue en peu de temps une icône de la mode, alors que rien ne l’en prédisposait.

Thando Hopa a grandi dans la banlieue de Johannesburg entourée par une famille solide qui compte deux enfants albinos sur quatre et qui l’a obligée à porter en permanence tout au long de son enfance un chapeau et des lunettes noires, afin de protéger sa peau fragile des méfaits du soleil.
Le créateur sud africain, Gert-Johan Coetzee, qui l’a découverte dans les allées d’un centre commercial, raconte leur première rencontre avec admiration: « elle était belle, avec un corps parfait et une structure osseuse parfaite. Elle brillait comme un ange ». Et d’ajouter, « j’ai toujours voulu faire un défilé avec une albinos mais je n’ai jamais trouvé la bonne personne. Quand je l’ai rencontrée, tout s’est mis en place. Sa peau est blanche comme du lait. Les possibilités sont infinies».
Outre Johannesburg, Hopa a défilé à la Fashion Week canadienne de Vancouver. Elle a donc fait beaucoup parlé d’elle cette année mais n’est toutefois pas la première top model albinos a arpenter les défilés de mode. Diandra Forrest originaire du Bronx à New York est une habituée. Elle a, entre autres, défilé pour la créatrice anglaise, la très excentrique Vivienne Westwood, et fait la une de magazines tels que Vogue. Signe des temps, elle avait fait le déplacement à Johannesburg, rapporte le site de la BBC. Pour la petite histoire, la première top model albinos a été la Hongkongaise Connie Chiu qui fit ses débuts il y a quinze ans et qui est surtout connue pour avoir travaillé avec le créateur français Jean Paul Gaultier. Du côté des hommes, le manequin afro-américain, également originaire du Bronx, Shaun Ross, fait lui aussi un tabac.
Pour autant, Hopa n’entend pas être réduite à la fonction de porte manteau pour les créateurs internationaux. Défiler lui permet surtout de lutter contre les préjugés dont sont victimes les albinos et de faire avancer leur cause. C’est « un bon moyen de d’aider les gens, cela permettra peut être de changer la façon de les percevoir », lui avait dit sa sœur quand elle hésitait à accepter la proposition du créateur sud africain. D’ailleurs, elle ne compte pas faire de la mode son métier, avocate à temps plein dans la vraie vie, elle veut le rester.
Il faut savoir qu’une personne sur quatre mille en Afrique du Sud est albinos. Il s’agit d’une maladie génétique qui se caractérise par un déficit de pigmentation de la peau, des yeux et des cheveux. La plupart des personnes atteintes souffrent d’un manque de reconnaissance de la part du gouvernement et des employeurs potentiels, mais sont surtout l’objet de discriminations terribles. Une croyance traditionnelle veut en effet qu’une partie du corps d’un albinos porte chance à celui qui la possède. D’où les actes de sorcellerie qui se multiplient, en Afrique de l’Est et en Afrique australe où cette croyance est tenace. De nombreux faits divers font état d’albinos enlevés pour être démembrés.
Reste à espérer qu’en défilant, des femmes telles que Hopa redonnent un peu d’espoir à ceux qui se terrent parce qu’ils craignent constamment pour leur vie.

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