mercredi 26 décembre 2012

Féministe et musulmane! Et alors?




La simple association des deux mots «féminisme» et «islamique» interpelle... Pourtant, ce mouvement est une réalité dans les pays musulmans. Et ce, depuis plusieurs dizaines d’années. Décryptage de l’exemple marocain.

Zahra Ali. DR

l'auteur

Mérième Alaoui


Cela vous étonne? Oui, il existe bien un féminisme revendiqué comme islamique. Et il ne date pas d’hier! Le concept est né dans les années 1990 en Iran autour de la revue Zanan (femmes). Mais, en réalité, la notion est beaucoup plus ancienne.

Le féminisme islamique rassemble des femmes qui partagent la même foi et qui se réfèrent aux textes coraniques pour revendiquer leur émancipation et l'égalité des sexes. Un combat qui perdure dans tout le monde arabo-musulman et même au-delà. C’est ce que confirme l’enquête réalisée par la Franco-Irakienne Zahra Ali qui vient de signer «Féminismes islamiques».

La doctorante en sociologie à l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo) a travaillé sur les textes de féministes islamiques du monde entier. «Une première en langue française», commente l'auteur de l'ouvrage déjà en rupture de stock, peu après sa sortie.
«Printemps de la dignité»

Les révolutions du «printemps arabes» et donc l'écriture de nouvelles Constitutions, remettent la femme au cœur du débat public. Non sans difficulté, les Tunisiennes ou les Egyptiennes se battent pour faire valoir leurs droits.

Au Maroc, pays qui a «échappé» de justesse à la vague de protestation qui a touché ses voisins, la dernière action en date des féministes a été menée à Rabat. Samedi 8 décembre, les femmes du collectif «Printemps de la dignité» ont formé une chaîne humaine devant le Parlement et le palais de la justice pour dénoncer les violences faites aux femmes.

Selon les chiffres du gouvernement marocain, on dénombre six millions de victimes de violences, dont plus de la moitié dans le cadre conjugal. Lors de cette grande action, les militantes du parti islamiste Justice et du Développement (PJD) étaient les grandes absentes.

Car islamiques et islamistes, ce n’est pas la même chose… Si le féminisme islamique est critiqué par «les fondamentalistes laïcs et les féministes "occidentales" qui ne conçoivent pas que la religion et l’Islam en particulier puissent être émancipateurs pour les femmes», explique Zahra Ali, les opposants viennent aussi de l’intérieur.

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