Les pires pays au monde pour devenir mère sont africains. C’est la conclusion, accablante, du rapport de l’ONG américaine Save the children : dans les dix dernières places du classement, huit proviennent du continent. En cause notamment, les crises alimentaires chroniques au Sahel et la situation en RDC. En 2020, plus de 35% des enfants africains devraient souffrir de malnutrition, soit à peine moins qu’en 1990.
Les chiffres ne sont guère étonnants. Mais ils restent tout de même très significatifs : l’ONG Save the children a publié son classement annuel des meilleurs pays dans lesquels il fait bon être mère, et les dernières places sont quasi-exclusivement africaines. Sur 165 états, le Niger se classe dernier, la Guinée-Bissau 162ème, le Mali 161ème, l’Érythrée 160ème, le Tchad 159ème, le Soudan du Sud, le Soudan et la RDC se partagent la 156ème place…
« La situation des mères dans le monde en 2012 montre clairement que la crise de malnutrition chronique qui frappe de nombreux pays a des effets dévastateurs sur elles-mêmes et leurs enfants », explique Brendan Cox, un des responsables de Save the Children dans un communiqué, prenant notamment l’exemple du Sahel. La région est en effet touchée par une grave crise alimentaire qui, selon les Nations unies, pourrait toucher plus de 23 millions de personnes au Niger, au Tchad, au Mali, au Burkina Faso, en Mauritanie et au Sénégal, frappés par de mauvaises récoltes l'an dernier.
"Causes culturelles"
Souvent, notamment au Sahel, les régions les plus touchées ne sont pas forcément les plus pauvres. Au Mali, c'est la région de Ségou, une des plus riches du pays, au bord du fleuve Niger, qui est la plus concernée par la malnutrition des enfants de 0 à 5 ans. « Les causes de la malnutrition sont certes structurelles, mais bien souvent culturelles », analyse ainsi Caroline Bah, de l'ONG Afrique verte, qui travaille à améliorer la sécurité alimentaire au Sahel depuis vingt ans.
Pour elle, la nutrition est également affaire d'éducation. « En Afrique, les populations ne sont pas inondées d'informations comme nous le sommes depuis cinquante ans sur ce qu'il faut faire ou ne pas faire en matière d'alimentation », explique-t-elle. « Le problème vient avant tout de l'eau, souvent non potable. Nous conseillons donc aux mères de nourrir exclusivement leur enfant avec le lait maternel pendant les six premiers mois. Mais la plupart du temps, ces conseils ne sont pas suivis, et les bébés reçoivent de l'eau de brousse. » Une eau qui peut provoquer des maladies graves ou plus communément des diarrhées, deuxième cause de mortalité infantile dans le monde.
Un horizon 2020 bien sombre
Les chiffres de Save the children révèlent surtout une incapacité de ces pays africains à réduire la malnutrition chez les jeunes enfants. Alors qu’en 1990, le pourcentage d’enfants malnutris sur le continent était d’environ 40%, vingt ans plus tard, en 2010, il a à peine chuté et le nombre d’enfants touchés a même augmenté pendant que l’Asie est passée de 190 millions en 1990 à moins de 100 millions en 2010. Deux courbes quasiment diamétralement opposées qui devraient se croiser à l’horizon 2020 autour des 70 millions.
Et les rares bons résultats en la matière - en Angola notamment où le chiffre a chuté de 6,6% en vingt ans ou encore en Mauritanie (-4,6%)- ne cachent pas un constat plus amer. Au Niger, la moyenne annuelle du nombre d’enfants malnutris a augmenté de 0,2% depuis 1990. Le Zimbabwe, le Lesotho et le Burundi enregistre une hausse de 0,5% sur la même période, le Mali de 0,9%, la Centrafrique de 1,4%, la Côte d’Ivoire de 2,6%, sans oublier la Somalie, qui ferme logiquement la marche avec une augmentation de 6,3%. En vingt ans, de nombreux pays africains ont bel et bien reculé en matière de lutte contre la malnutrition.
Lu sur Jeune Afrique
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