Un autre regard de la femme noir dans tous les aspects de la vie à travers les livres , les articles, les interview et les documentaires."La femme africaine n'est ni un reflet de l'homme ni une esclave. Elle n'éprouve aucun besoin d'imiter l'homme pour exprimer sa personnalité. C'est une civilisation originale qu'elle secrète par son travail. son génie propre, ses préoccupations, son langage et ses mœurs" Albertine Tshibilondi Ngoyi
vendredi 18 mai 2012
Christiane Taubira: des tresses au gouvernement français!
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La reine du disco, Donna Summer, est morte à l'âge de 63 ans
La chanteuse Donna Summer a tiré sa révérence. Celle qui a fait danser plusieurs générations sous les boules à facettes du monde entier est morte le jeudi 17 mai, des suites d'un cancer. Elle avait 63 ans.
Surnommée à juste titre « la reine du disco » depuis les années 1970, la chanteuse américaine Donna Summer est décédée le jeudi 17 mai, en Floride, des suites d’un cancer. Elle a marqué à jamais l’histoire de la musique populaire par l’immensité de son talent.
Ses admirateurs se souviennent de sa voix puissante et langoureuse. De son corps qui semblait sculpté pour la danse et dont se dégageait un érotisme envoûtant. Ses gestes étaient suggestifs, comme l’étaient ses chansons, qui sont devenus des tubes universels. Elle était, en fin de compte, l’incarnation du disco et personne, à part peut-être The Bee Gees, n’a atteint son niveau de popularité et de célébrité.
LaDonna Andre Gaines, de son vrai nom, est née à Boston le 31 décembre 1948. Dans sa famille, la religion est une valeur sacrée. Et c’est tout naturellement que la petite fille chante le gospel à l’église. Encore adolescente, la musique l’attire et elle se retrouve dans un groupe de rock dénommé Crow. Et puis, c’est le départ pour New York, d’abord, et pour l’Allemagne, ensuite, où elle est engagée dans la comédie musicale Hair, version allemande. Elle se retrouve ensuite en Autriche, avant de regagner l’Allemagne où elle se marie avec Helmut Sommer, dont le nom, anglicisé, sera son nom de scène.
Le succès au milieu des années 1970
Donna Summer enregistre son premier disque en 1971. Mais le succès n’est pas encore au rendez-vous. Trois ans plus tard, la rencontre avec un duo de producteurs et d’auteurs, Giorgio Moroder et Pete Bellotte, lui ouvre de nouvelles perspectives. Le travail du trio est récompensé par le succès que récolte en Europe le single The Hostage. En 1975, son premier grand tube, Love to Love You Baby, adapté de Je t’aime…moi non plus de Serge Gainsbourg, la propulse au premier plan. Pendant des années, elle occupe le sommet des hit-parades à travers le monde. Partout, les pistes de danse sont envahies dès qu’on joue I Feel Love, Last Dance, Hot Stuff ou No More Tears (Enough Is Enough). Le succès est immense.
Dans les années 1980, alors que le disco entame sa descente, Donna Summer donne un nouveau coup de jeune à sa musique en y incluant une dose de rhythm and blues, de pop et de rock. Elle travaille avec Quincy Jones. Sans cesse, elle renouvelle son art en l’adaptant aux circonstances, aux situations, toujours avec un égal bonheur. Le temps passant, la chanteuse s’ « assagit ». La sensualité qui la caractérisait cède la place à une chorégraphie plus soft. Mais jusqu’au bout, elle aura été une chanteuse exceptionnelle.
Lu sur Jeuneafrique.com
mercredi 16 mai 2012
Algérie: presque un tiers de femmes dans la nouvelle Assemblée nationale
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Les femmes ont remporté presque le tiers des sièges de députés aux élections législatives du 10 mai en Algérie, mais les militantes féministes ne baissent pas la garde pour autant.
Selon un décompte encore provisoire, au moins 145 des 462 sièges de la nouvelle assemblée seront occupés par des femmes, soit un bond de 115 sièges comparé à la précédente assemblée, il est vrai moins nombreuse, à 389 sièges.
Cette avancée a suscité l'enthousiasme de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, qui a applaudi le "nombre élevé de femmes élues". Le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon s'est aussi félicité de "l'augmentation de la représentation des femmes dans la nouveau parlement" en Algérie.
Le scrutin législatif a permis au parti présidentiel Front de Libération nationale (FLN) de retrouver un peu de son hégémonie passée avec 221 sièges, tandis que les formations islamistes ont reculé, à contre-sens de la vague religieuse qui a envahi les parlements régionaux touchés par le Printemps arabe.
"Le Printemps arabe est reporté pour les islamistes mais ses fleurs se sont épanouies pour les femmes qui amèneront de la couleur à l'Assemblée nationale et et hausseront la voix dans une hémicycle dominée par les hommes depuis 50 ans", estime Samia, une employée d'une cinquantaine d'années, à Alger.
"Avec cette proportion considérable de femmes au parlement, nous nous rapprochons d'une véritable représentation démocratique" dans l'assemblée, juge Fatima Mustapha, enseignante à l'université.
Les femmes représentent 53% de la population, 45% des magistrats, et maintenant environ 32% de l'Assemblée nationale, ce qui les place bien avant leurs consoeurs de Tunisie et du Maroc.
Le ministre de l'Intérieur Daho Ould Kablia estimait la semaine dernière que le nombre de femmes élues plaçait l'Algérie en tête de la moyenne européenne.
Après des années de militantisme féminin, une nouvelle loi a imposé des quotas de 20 à 50% de femmes dans les listes électorales, proportionnellement à la taille de la circonscription.
Prouver qu'on mérite son siège
Mais il faudra voir comment les femmes élues, dont beaucoup inexpérimentées, oeuvreront à l'Assemblée et si elles s'uniront par-delà les partis.
"Les femmes doivent maintenant prouver qu'elles méritent leurs sièges", juge Nadia Aït Zaid, juriste qui a fait campagne pour le quota des femmes et formé des candidates.
Deux gros dossiers les attendent à l'Assemblée nationale: le code de la famille qui relègue la femme au statut de mineure et la criminalisation de la violence domestique.
"Elles ont besoin de constituer un front qui transcende les idéologies", dit Mme Aït Zaid.
Plusieurs partis dominés par les hommes, dont le FLN qui avait initialement refusé les quotas, ont jugé que les femmes placée en queue de liste ne pouvaient pas comme cela remonter à cause des quotas.
Des militantes se sont également plaintes que des chefs de partis ont placé leur femme ou leur fille en fin de liste pour faire semblant de respecter la nouvelle loi.
Le quotidien populaire arabophone Ennahar affichait mardi des photos de plusieurs élues avec ce titre: "50 femmes célibataires au parlement (. . . )" -- et listait les avantages que leur accorde la députation.
Même si les femmes contrôlent le machisme et le conservatisme ambiants à l'Assemblée, elles resteront victime de la défiance générale des Algériens envers leurs élus.
"Qu'un homme ou une femme soit élu ne change rien. Il est important que les élections soient équitables, mais elles ne le sont pas", juge Salima, une jeune femme couverte d'un voile des pieds jusqu'à la tête.
"Une femme qui l'emporte grâce à un quota ou par la fraude n'est pas légitime. Il en est de même pour les hommes", assène-t-elle.
Malgré les félicitations des pays étrangers pour le vote, beaucoup d'Algériens et d'observateurs sont convaincus que la participation de 43% et le score des partis officiellement annoncés ne sont pas conformes à la réalité.
Audrey Pulvar critique déjà Hollande
La journaliste dénonce l'hommage du nouveau président de la République à Jules Ferry, ardent défenseur de la politique coloniale française.
Son compagnon, Arnaud Montebourg , va sans doute être nommé ministre de François Hollande mercredi, mais Audrey Pulvar n'en garde pas moins sa liberté de critiquer le président de la République. Ce mardi matin, la journaliste de France Inter a commenté ainsi sur twitter la décision du chef de l'Etat de rendre hommage à Jules Ferry : « Vous avez aimé le discours de Dakar, vous adorerez les races supérieures de Jules Ferry », écrit-elle.
La chroniqueuse du talk-show de France 2 On n'est pas couché met donc dans le même sac Nicolas Sarkozy et François Hollande . Le Premier pour avoir affirmé, en juillet 2007 au Sénégal, que le « drame de l'Afrique » vient du fait que « l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire » et le second pour avoir choisi comme référence Jules Ferry , qui ne fut pas seulement le père de l'école gratuite, laïque et obligatoire mais aussi un ardent défenseur de l'expansion coloniale française.
Depuis qu'il a été rendu public, ce choix suscite la polémique, notamment sur les réseaux sociaux où certains estiment qu'il s'agit d'un mauvais signal envoyé aux Français.
François Hollande a condamné mardi la défense de la colonisation par Jules Ferry , qualifiée de « faute morale et politique ».
Retrouvez cet article sur TVMag.net
Burkina Faso - Ces femmes victimes de la chasse aux sorcières l'auteur
On appelle cela «le port du cadavre». Dans certains villages burkinabè, lorsqu’un décès d’apparence naturelle est considéré comme suspect, ce rituel considéré comme infaillible est mis en place pour désigner le coupable.
Selon la croyance collective, un groupe d’hommes est chargé de porter la dépouille parmi la communauté afin que le mort, les guide vers la personne responsable.
La direction dans laquelle le macchabée dirige ses porteurs est censée indiquer son meurtrier de façon indiscutable. Au cours de ces cérémonies, presque toujours, ce sont des femmes qui sont incriminées.
Considérées comme des sorcières, elles sont violentées, chassées de chez elle et bannies de la communauté.
D’après les chiffres le ministère de l’Action sociale et de la Solidarité Nationale, environ 600 femmes sont victimes de cette pratique à l’heure actuelle. Elles ont trouvé refuge dans des centres de solidarité.
«En général, ce sont les femmes qui sont accusées de sorcellerie et quand ce sont les hommes, ils se déplacent vers d’autres villages», explique à l’IPS Gérard Zongo, de l’ONG Commission justice et paix (CJP), à Ouagadougou.
Pour y remédier, le ministère, en partenariat avec les ONG et les associations de lutte contre l’exclusion sociale ont adopté un plan d’action.
S’étendant sur la période 2012-2016, il prévoit une prise en charge de toutes les victimes d’exclusion pour motif de «sorcellerie».
Cette prise en charge comprend une assistance financière pour que ces femmes puissent continuer les activités qu’elles menaient avant ainsi qu’une assistance juridique et psychologique.
«On ne juge pas la sorcellerie au Burkina, mais nous allons juger les faits qui sont l’exclusion et les violences sur des personnes», souligne à l’IPS Boukary Sawadogo, directeur général de la solidarité nationale.
Jusqu’à présent une seule femme a gagné son procès et doit réintégrer sa famille selon la décision de justice. Pour les autres, des journées de parrainages sont organisées par la CJP.
«A cette date, 120 femmes sur 430 ont été sont adoptées par des parrains qui leur rendent visite régulièrement pour éviter leur isolement», apprend encore IPS.
Boukary Sawadogo estime qu’une évolution des mentalités association les autorités traditionnelles est nécessaire:
«Si les chefs coutumiers ne sont pas prêts, vous n’y arriverez pas».
Lu sur IPS
lundi 14 mai 2012
Développement : l'ONG Save the children dénonce les conditions de vie des enfants sur le continent
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Les pires pays au monde pour devenir mère sont africains. C’est la conclusion, accablante, du rapport de l’ONG américaine Save the children : dans les dix dernières places du classement, huit proviennent du continent. En cause notamment, les crises alimentaires chroniques au Sahel et la situation en RDC. En 2020, plus de 35% des enfants africains devraient souffrir de malnutrition, soit à peine moins qu’en 1990.
Les chiffres ne sont guère étonnants. Mais ils restent tout de même très significatifs : l’ONG Save the children a publié son classement annuel des meilleurs pays dans lesquels il fait bon être mère, et les dernières places sont quasi-exclusivement africaines. Sur 165 états, le Niger se classe dernier, la Guinée-Bissau 162ème, le Mali 161ème, l’Érythrée 160ème, le Tchad 159ème, le Soudan du Sud, le Soudan et la RDC se partagent la 156ème place…
« La situation des mères dans le monde en 2012 montre clairement que la crise de malnutrition chronique qui frappe de nombreux pays a des effets dévastateurs sur elles-mêmes et leurs enfants », explique Brendan Cox, un des responsables de Save the Children dans un communiqué, prenant notamment l’exemple du Sahel. La région est en effet touchée par une grave crise alimentaire qui, selon les Nations unies, pourrait toucher plus de 23 millions de personnes au Niger, au Tchad, au Mali, au Burkina Faso, en Mauritanie et au Sénégal, frappés par de mauvaises récoltes l'an dernier.
"Causes culturelles"
Souvent, notamment au Sahel, les régions les plus touchées ne sont pas forcément les plus pauvres. Au Mali, c'est la région de Ségou, une des plus riches du pays, au bord du fleuve Niger, qui est la plus concernée par la malnutrition des enfants de 0 à 5 ans. « Les causes de la malnutrition sont certes structurelles, mais bien souvent culturelles », analyse ainsi Caroline Bah, de l'ONG Afrique verte, qui travaille à améliorer la sécurité alimentaire au Sahel depuis vingt ans.
Pour elle, la nutrition est également affaire d'éducation. « En Afrique, les populations ne sont pas inondées d'informations comme nous le sommes depuis cinquante ans sur ce qu'il faut faire ou ne pas faire en matière d'alimentation », explique-t-elle. « Le problème vient avant tout de l'eau, souvent non potable. Nous conseillons donc aux mères de nourrir exclusivement leur enfant avec le lait maternel pendant les six premiers mois. Mais la plupart du temps, ces conseils ne sont pas suivis, et les bébés reçoivent de l'eau de brousse. » Une eau qui peut provoquer des maladies graves ou plus communément des diarrhées, deuxième cause de mortalité infantile dans le monde.
Un horizon 2020 bien sombre
Les chiffres de Save the children révèlent surtout une incapacité de ces pays africains à réduire la malnutrition chez les jeunes enfants. Alors qu’en 1990, le pourcentage d’enfants malnutris sur le continent était d’environ 40%, vingt ans plus tard, en 2010, il a à peine chuté et le nombre d’enfants touchés a même augmenté pendant que l’Asie est passée de 190 millions en 1990 à moins de 100 millions en 2010. Deux courbes quasiment diamétralement opposées qui devraient se croiser à l’horizon 2020 autour des 70 millions.
Et les rares bons résultats en la matière - en Angola notamment où le chiffre a chuté de 6,6% en vingt ans ou encore en Mauritanie (-4,6%)- ne cachent pas un constat plus amer. Au Niger, la moyenne annuelle du nombre d’enfants malnutris a augmenté de 0,2% depuis 1990. Le Zimbabwe, le Lesotho et le Burundi enregistre une hausse de 0,5% sur la même période, le Mali de 0,9%, la Centrafrique de 1,4%, la Côte d’Ivoire de 2,6%, sans oublier la Somalie, qui ferme logiquement la marche avec une augmentation de 6,3%. En vingt ans, de nombreux pays africains ont bel et bien reculé en matière de lutte contre la malnutrition.
Lu sur Jeune Afrique
De Grands Espoirs Pour La Première Femme À La Présidence Du Malawi
Source: AWID
11/05/2012
DOSSIER DU VENDREDI : Le 7 avril 2012, Joyce Banda a écrit une page d'histoire en devenant la première femme Présidente du Malawi et la première à atteindre ce poste au sein de la Communauté de développement de l'Afrique australe (CDAA)[1] après la mort subite de l’ancien Président, Bingu wa Mutharika. La nouvelle Présidente a devant elle une tâche titanesque pour s’attaquer à la grave crise économique qui touche le pays; vu sa solide trajectoire en tant qu’activiste, la société civile fonde de grands espoirs quant à sa capacité de défendre les droits des femmes.
L’AWID s’est entretenue avec Emma Kaliya, présidente du réseau d’ONG Gender Coordination Network (NGOGCN) au Malawi à propos de la désignation de la deuxième femme Présidente en Afrique et des espoirs que cet évènement soulève.
Par Susan Tolmay
La République du Malawi est un petit pays enclavé du sud-est de l'Afrique ; sa superficie est de 118.000 km² et sa population est estimée à plus de 14 millions de personnes. À l'issue des dernières élections tenues en 2009, la représentation féminine au parlement a augmenté de 8 %, passant de 14 à 22 % et la position du pays au classement de l'indice des inégalités entre les sexes s’est elle aussi améliorée, de la 81e place sur 115 pays en 2006 à la 65e sur 135 pays en 2011[i]. Le Malawi est toutefois l'un des pays les plus pauvres du monde et on estime que 75 % de la population vit avec moins d’un dollar par jour[ii].
AWID: Quel est actuellement le contexte politique et économique au Malawi ?
Emma Kaliya (EK): Le Malawi connait de nombreux défis sur le plan politique et économique. Sur le plan politique, l'ancien président, Binguwa Mutharika et le gouvernement en place à l'époque ont commencé à modifier la législation nationale pour tenter d'éviter que l'ancienne vice-présidente, Joyce Banda, participe au gouvernement et assume la présidence à la fin du mandat de Murathika en 2014, conformément aux dispositions de la constitution du Malawi. Bien au contraire, elle a été expulsée du parti au pouvoir pour avoir refusé d'accepter la désignation du frère du président et ministre des affaires étrangères, Peter Mutharika, comme nouveau président en 2014.
L’intention du Président de faire désigner son frère comme nouveau président a causé beaucoup de remous et le gouvernement a tenté de réduire au silence tous ceux qui s'opposaient à cette idée. La situation devint délicate pour la société civile et les partis d'opposition qui ne partageaient pas cette opinion. Le contexte est devenu lui aussi difficile et violent, et la population vivait dans la peur.
Dans le même temps, le gouvernement bafouait les droits humains. Le Haut-commissaire britannique a été expulsé sous le prétexte qu'il avait envoyé un télégramme au Royaume-Uni soulignant l'attitude militante du gouvernement, expulsion à la suite de laquelle la Grande-Bretagne a coupé toute aide au Malawi. La suspension de l'aide a provoqué des problèmes de plus en plus aigus de pénurie de carburants et de devises étrangères ; par ailleurs, de nombreux donateurs ont suspendu les programmes qu’ils appliquaient dans le pays en raison du non-respect des exigences du Fonds monétaire international (FMI). C'est pourquoi tous les secteurs connaissent de nombreux problèmes socio-économiques, y compris les hôpitaux car sans devises étrangères, il est impossible d'importer des médicaments, et sans carburants, il est impossible de mobiliser les ambulances. Dans ce contexte, le Malawi s'enfonçait dans le chaos et la confusion.
AWID: Quelle est la situation des femmes au Malawi ?
EK: Plusieurs questions doivent être considérées. Si nous comparons avec la situation d'il y a quelques années, nous constatons qu'à l'époque les femmes étaient peu actives dans le secteur économique ; nous voyons aujourd'hui que, peu à peu, leur participation augmente dans ce secteur où elles peuvent rivaliser avec les hommes, malgré les plus grandes difficultés qu'elles rencontrent pour obtenir de meilleures possibilités de marchés. Dans le secteur agricole, on observe que les femmes se consacrent encore essentiellement à l'agriculture de subsistance et participent moins à l'agriculture commerciale. Toutefois, des programmes ont été mis en place pour habiliter les femmes à s'impliquer dans l'agriculture commerciale et nous espérons que le nouveau gouvernement continuera à les appliquer et que nous en verrons les fruits pour les femmes dans les années à venir.
Certes, le problème de la violence basée sur le genre subsiste mais, heureusement, les rapports des médias et de la police montrent qu'il y a de plus en plus d'autonomisation au sein des communautés, où les gens ont pu dénoncer et condamner la violence et peuvent avoir recours aux structures mises en place pour signaler les cas de violence, chose jusqu’ici impossible.
Sur le plan de l'éducation, nous constatons aussi que de plus en plus de jeunes femmes suivent un enseignement supérieur. Le gouvernement a mis en place un quota de 50 par 50 en matière d'éducation mais des défis restent encore à relever pour réduire les taux d'abandon élevés des jeunes filles dans les cycles supérieurs de l'éducation. Les grossesses et les mariages précoces constituent encore des problèmes; toutefois, la tendance est à la baisse et les jeunes filles peuvent maintenant retourner à l'école après avoir eu leur enfant, ce qui n'était pas le cas dans le passé.
La santé reproductive reste problématique ; les taux de mortalité maternelle sont élevés et beaucoup reste encore à faire dans ce domaine. L'ancien gouvernement a tenté de résoudre ce problème et la nouvelle Présidente a également mis en place un programme ciblé sur la santé maternelle. D’autres problèmes sont encore à résoudre ce qui concerne les avortements non médicalisés ; en effet, au Malawi, l'avortement est pénalisé, ce qui touche de nombreuses femmes qui ont subi des avortements clandestins. C'est une problématique sur laquelle travaille notre réseau avec le soutien d’Ipas, pour voir la façon dont nous pouvons faire pression sur le gouvernement afin que cette législation soit modifiée.
En ce qui concerne le VIH et le sida, l'évolution du Malawi a été positive: tous les problèmes n'ont pas encore été résolus mais le pays figure parmi ceux qui fournissent des médicaments antirétroviraux aux femmes, et en particulier aux femmes enceintes. Il existe également un programme destiné aux femmes séropositives. Heureusement, ces programmes ont été épargnés par la crise économique qui a frappé le pays et ont pu se poursuivre.
AWID: Quelle a été la réaction générale dans le pays vis-à-vis de la nomination de Joyce Banda comme première femme présidente du Malawi ?
EK: Avant l’accession de Joyce Banda à la présidence, le parti au pouvoir a fait une importante déclaration publique selon laquelle : Le Malawi n’est pas prêt pour une femme Présidente. Cette déclaration a irrité bien des gens car nous ignorions qui détermine que la population est prête ou non pour une femme présidente. C’est ainsi qu'ont commencé les débats sur le sujet et aussi le soutien à la candidate. Les autorités au pouvoir démontraient ouvertement leur opposition à Joyce Banda mais celle-ci avait le soutien de l’ensemble de la population parce que sa nomination à la Présidence était conforme à la constitution, en dépit de l’opinion de certains.
J’ai assisté à la cérémonie de la prestation de serment et, depuis lors, elle fait l'objet d'un soutien généralisé, même de la part des partis d'opposition. Les gens comprennent la nécessité de lui apporter leur soutien.
AWID: Quelle a été la réaction du mouvement des femmes à cette nomination ?
EK: En tant que société civile, nous nous réjouissons de cette nomination car Joyce Banda possède une solide trajectoire en tant qu’activiste et nous la considérons comme l’une des nôtres ; elle fut, en effet, la première présidente du réseau NGOGCN. Elle nous a assuré qu’elle est des nôtres et que l’espace sera rendu à la société civile pour qu’elle fonctionne librement. Tous les espoirs sont donc permis.
AWID: Comment les groupes de femmes pensent-ils amorcer le dialogue avec la nouvelle Présidente ?
EK: Nous avons eu une première grande réunion avec elle le mois dernier car elle avait convoqué des groupes de femmes pour analyser les questions de la Décennie des femmes africaines qui, depuis son lancement, n'a pas été très active. Nous avons également tenu une réunion consultative pour socialiser la Décennie des femmes africaines qui nous a permis de faire ressortir un grand nombre de problèmes. La Présidente souhaite ardemment que nous puissions déployer la Décennie des femmes africaines sur la base des efforts préalables et des thèmes qui sont déjà mis sur la table. En d'autres termes, pour tous ceux qui sont concernés par la région de la Communauté de développement de l'Afrique australe (CDAA), ce sujet ne peut être abordé sans évoquer le Protocole de Maputo ou le Protocole de la CDAA. Il s'agit donc d'utiliser les mécanismes déjà en place pour parvenir à nos objectifs. Notre enthousiasme est grand car c'est la Présidente elle-même qui a amorcé tout ce processus, ce qui démontre qu'elle adhère déjà à cette cause et que nous pouvons aller de l'avant ensemble pour faire une différence.
Litha Musyimi-Ogana, membre de la Direction sur les femmes, le genre et le développement de l'Union africaine (UA) a également assisté à cette réunion pour présenter des informations sur l’UA et étayer ainsi les débats que nous souhaitons mener à l'échelle nationale. Le sommet de l’UA aura lieu dans quelques mois au Malawi et nombreux sont les groupes de femmes de toute l'Afrique qui ont fait part de leur intérêt à nous rejoindre au Malawi et utiliser cette instance pour soulever différents problèmes, y compris la ratification du Protocole de Maputo. Ces groupes souhaitent tirer parti du forum compte tenu du fait que le Malawi est désormais présidé par une femme susceptible de favoriser des progrès dans ce domaine. L’espoir est grand : nous avons aujourd'hui deux femmes présidentes en Afrique, ce qui autorise à penser que peu à peu nos voix seront entendues à ce sommet en raison de la présence de nos collègues à cette instance.
Mais il faut également faire preuve de prudence car la tâche qui attend la Présidente est gigantesque ; elle vient d'ailleurs d'annoncer qu'il faudrait jusqu'à 18 mois pour restaurer l'économie du pays et regagner le terrain perdu. L’enjeu est donc énorme. Nous attendons beaucoup de la nouvelle Présidente mais nous devons également comprendre qu'elle doit reprendre en main un système qui a été complètement dévasté. Dans le même temps, nous devons également relever le défi de travailler avec divers groupes dans tout le pays afin de veiller à ce qu'il y ait un consensus entre toutes les parties prenantes et les groupes d'intérêts.
Nous sommes conscientes que la Présidente doit se sentir accablée par la multitude des tâches qui l'attendent ; c'est pourquoi nous devons chercher la meilleure façon de lui apporter notre soutien afin qu'elle puisse parvenir à des résultats concrets.
[1] Les Etats membres de la Communauté de développement de l'Afrique australe (CDAA) sont l’Angola, le Botswana, la République Démocratique du Congo, le Lesotho, Madagascar, le Malawi, Maurice, le Mozambique, la Namibie, Seychelles, l’Afrique du Sud, le Swaziland, la Tanzanie, la Zambie, le Zimbabwe
[i]http://www3.weforum.org/docs/WEF_GenderGap_Report_2011.pdf p 240 - 241
[ii]http://www.bbc.co.uk/news/world-africa-17662916
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Note: Cet article fait partie de la série hebdomadaire des « Dossier de Vendredi (Friday File en anglais) », de l’AWID qui explore des thèmes et évènements importants à partir de la perspective des droits des femmes. Si vous souhaitez recevoir la lettre d’information hebdomadaire « Dossier du Vendredi », cliquez ici.
Cet article a été traduit de l’anglais par Monique Zachary.