01/08/2012 à 17h:57 Par Clarisse Juompan-Yakam
La nouvelle secrétaire permanente de l'administration de l'État de Bayelsa.© AFP
La nomination de la première dame du Nigeria, Patience Jonathan, à un poste de haut fonctionnaire suscite le débat.
Rien n'est trop beau pour Patience Jonathan. La première dame du Nigeria est, depuis le 12 juillet, secrétaire permanente de l'administration de l'État de Bayelsa, à quelque 700 km d'Abuja. Ce poste équivaut à celui de secrétaire général au niveau fédéral. Promotion méritée ou cadeau d'anniversaire à cette mère de deux enfants qui fêtait en juillet ses 55 ans ? La nomination fait débat. Responsable d'une coalition de partis d'opposition, Sunday Frank-Oputu crie au népotisme et au favoritisme, pointant un renvoi d'ascenseur. En effet, Patience a été nommée par le gouverneur, Seriake Dickson, qui avait été fermement soutenu par le président Goodluck Jonathan lors des dernières élections. L'opinion publique, elle, doute de sa capacité à exercer cette fonction et à la concilier avec ses obligations de première dame.
À ces critiques, Dickson oppose un implacable « parce qu'elle le vaut bien » et jure ne rien faire d'illégal. Le parcours de sa collaboratrice plaide en sa faveur, dit-il, puisque cette ancienne enseignante, qui a aussi travaillé dans le secteur bancaire, a été pendant plusieurs années fonctionnaire dans l'État de Bayelsa. Nommée pour ses mérites ? Les Nigérians en doutent. Oratrice enthousiaste mais bien piètre, Patience Jonathan multiplie les fautes de grammaire qui font les délices des humoristes.
Scandales financiers
Plus grave, son nom a été associé à des scandales financiers. En août 2006, la Commission de lutte contre les crimes économiques et financiers avait ainsi obtenu du tribunal le gel de 104 millions de nairas (614 000 euros) des comptes d'une femme d'affaires proche de Patience Jonathan, suspectant un blanchiment de deniers publics détournés. Lors de sa prestation de serment, Patience Jonathan a réaffirmé qu'elle prenait ses nouvelles fonctions très au sérieux et leur consacrerait tout le temps nécessaire. D'aucuns la croient : le poste pourrait être pour cette femme indépendante le moyen d'assurer ses arrières. Un tremplin pour entrer en politique lorsqu'elle aura quitté les ors du palais présidentiel.
Lu sur Jeuneafrique.com