Un autre regard de la femme noir dans tous les aspects de la vie à travers les livres , les articles, les interview et les documentaires."La femme africaine n'est ni un reflet de l'homme ni une esclave. Elle n'éprouve aucun besoin d'imiter l'homme pour exprimer sa personnalité. C'est une civilisation originale qu'elle secrète par son travail. son génie propre, ses préoccupations, son langage et ses mœurs" Albertine Tshibilondi Ngoyi
samedi 28 avril 2012
Maternité à haut risque au Soudan du Sud
L'Auteur Anne Collet
Selon l’association Médecins sans Frontières, « la majorité de la population du Soudan du Sud reste privée d’accès aux soins de santé les plus élémentaires ». Ce constat est particulièrement vrai pour les femmes enceintes. Si la mortalité maternelle est un fléau qui touche à des degrés divers l’ensemble du continent noir, la situation est très préoccupante dans ce nouveau pays d’Afrique dont l’avènement remonte au 9 juillet 2011.
Le Soudan du Sud où les femmes représentent 60% de la population, « a le taux le plus élevé de mortalité maternelle au monde », rapporte le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA). Chaque année 10 000 femmes environ meurent en donnant la vie et 76 000 sont victimes de complications graves. Le Programme Des Nations Unies pour le développement (PNUD), précise que pour 100 000 naissances 2054 femmes perdent la vie. En comparaison dans l’Ouganda voisin on compte 435 décès pour le même nombre de naissances. Ce taux élevé de mortalité maternelle est exacerbé par le manque de sages-femmes professionnelles. Il y a trois ans alors qu’il n’avait pas encore acquis son indépendance, le pays comprenait environ 150 sages-femmes pour une population de huit millions d’ habitants. Les femmes enceintes n’ayant personne vers qui aller pour le suivi de leur grossesse, se sont naturellement tournées vers les accoucheuses traditionnelles avec les problèmes, entre autres, d’hygiène que cela pose.
Les nouvelles autorités qui ont pris conscience du problème sont en train de mettre en place un système de santé avec l’aide d’ONG, la priorité étant la formation d’un personnel opérationnel le plus vite possible. Il faut malheureusement compter trois ans pour former une sage-femme et en attendant, les femmes continuent de mourir en couches. Une aide précieuse est venue d’une association américaine intitulée « Initiative pour la survie de la mère du nouveau-né et de l’enfant ». Issu de l’hôpital général du Massachusetts le MNCSI a lancé une campagne de formation sur le terrain et fourni du matériel adapté aux accouchements qui fait cruellement défaut. Depuis la fin de l’année 2010, 72 volontaires qui à leur tour vont former 700 autres personnes, ont suivi le cursus. Selon le coordinateur de l’opération, Alaa El-Bashir, l’objectif est de former dans un premier temps « des travailleurs de santé capables de détecter d’éventuelles complications et d’en référer à des personnes compétentes pour les traiter ».
Un autre aspect du problème est de faire comprendre aux femmes qui accouchent qu’elles ont intérêt à faire confiance à un personnel qualifié au détriment des accoucheuses traditionnelles. Ce qui n’est pas gagné car « les femmes ont tendance à fuir l’hôpital en dépit des risques », note le quotidien canadien The Star. La majorité des femmes qui meurent en mettant au monde leur enfant, souffrent d’hémorragie et de septicémie, maux totalement surmontables dans les pays développés. Au manque de personnel qualifié vient en outre s’ajouter le problème des transports. Le Soudan du Sud ne possède en effet que 50 kilomètres de routes pavées.
Le 5 mai est la Journée mondiale des sages- femmes décrétée par l’ONU dont l’objectif est de renforcer le rôle des associations professionnelles dans le monde. Il faut espérer que cette manifestation en faisant mieux connaître le travail de ces femmes, suscite des vocations dans les pays les plus démunis comme le Soudan du Sud, avec l’espoir que le conflit, pire encore la guerre, qui se profile entre les deux Soudan ne mette à mal la bonne volonté de ceux et celles qui veulent aider les femmes à accoucher en sûreté.
Lu sur Slate Afrique
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