L'AFRIQUE, UN DEFI AU FEMININ | |||
Présentation de l’Ouvrage/ L’Afrique, un Défi au Féminin LITTERATURE / Genre : NouvelleTitre : « L’Afrique, un Défi Au féminin » Editions Casbah, Alger 1999. L’Afrique, un Défi au féminin est un ouvrage qui contient cinq nouvelles et une rétrospective de la littérature africaine d’expression française. Dès, les premières pages de l’ouvrage, l’Editeur donne un aperçu général sous forme de présentation, tout en incitant le lecteur à venir découvrir la situation de la femme, épicentre de ce recueil de nouvelles. La première lecture du titre « L’Afrique, un Défi au féminin » montre un signe connotatif, qui attire implicitement l’attention du lecteur, nous pouvons déceler l’existence d’une métaphore qui donne une première signification qui est la suivante : les femmes doivent relever le défi car de nombreux obstacles se profilent à l’horizon.1° / Soit le titre peut aussi signifier que la femme africaine veut relever le défi.2°/ Soit un Défi est à relever au niveau du genre féminin. 3°/ Soit il interpelle toutes les femmes africaines à relever le défi. Dans tous les cas, il existe un certain mystère dans le sens du titre. Pour remédier cela le lecteur doit lire le contenu de l’ouvrage. L’Editeur nous propose un avant- propos sous forme de Présentation du livre. Extrait p. 3 « La Condition féminine dans les sociétés traditionnelles africaines, qui pourraient mieux en parler qu’une femme née sur ce continent et le connaissant assez pour contourner les écueils de l’exotisme et du cliché ? Seule une Africaine peut trouver les mots……C’est parce que nous croyons que Madame Diarra a su rendre compte - à travers le regard critique du sociologue mais aussi la sensibilité de la femme et de la romancière- d’un état des lieux qui peut-être aujourd’hui observé dans de nombreux pays d’Afrique…. » Commentaire du Docteur CECILE DOLISANE EBOSSE sur l'ouvrage: Docteur en Lettres, Spécialiste de la littérature Négro-africaine, Université de Toulouse Le Mirail Laboratoire Diasporas. CECILE DOLISANE EBOSSE a soutenu une thèse de Doctorat sur “l’image de la femme dans la littérature camerounaise” à l’Université de Toulouse. Elle est associée à l’Equipe Simone/Sagesse sur les recherches parallèles sur le panafricanisme et l’émancipation du Monde noir en général. " Oumou Diarra fait une entrée remarquée dans la prose malienne avec un titre très revèlateur qui donne de l'allure au réveil tonitruant de l’esthétique féminine dans ce pays: L’Afrique un défi au féminin. Ce recueil de nouvelles qui en possède neuf mais qui peut, en réalité, être subdivisé en trois grandes idées- maîtresses a pour ligne directrice, la femme : épicentre de la société africaine : ses déboires et ses mérites ; charpente en dessous de laquelle l’on décèle en filigrane, la richesse culturelle de l’Afrique auréolée par la prépondérance de la famille, Les fléaux sociaux tels : la délinquance juvénile, la prostitution ainsi que le carriérisme en politique. Dans le souci de montrer la femme comme épine dorsale de la société africaine, l’auteur brosse en rétrospective un tableau sommaire mais précis de l’évolution des femmes écrivains d’Afrique : du Maghreb et d’Afrique noire. Des figures pionnières telles Aoua Keita (p.18) aux jeunes générations comme M. Fouda (p.21) sont évoquées avec ferveur comme pour se remémorer le passé pour mieux se projeter dans l’avenir. « Soumises hier, aujourd’hui elles se battent pour l’amélioration de leurs conditions. Demain seront-elles heureuses? » (p. 24) En effet, à partir « des confidences d’une grand- mère », Mariétou, une jeune fille dont on avait prédit un avenir sombre parce qu’elle était une «Téréjugu», c’est- à-dire une malchanceuse, rencontra un époux, Amadou, avec qui elle vivra dans l’allégresse et voyagera en Europe. Mais cette quiétude s’estompera dès son retour au pays à cause de la pression de la belle-famille sur l’époux afin qu’il prenne une seconde épouse et les préjugés tribaux. Aussi concède-t-elle que « la polygamie n’apporte à la femme qu’injustice.» (p. 48.). En outre, la narratrice nous apprend que ces pesanteurs socioculturelles sont d’autant plus vivaces que les structures patriarcales accordent toutes les libertés à l’homme. Ainsi défilent, tout le long de l’ouvrage, les infortunes conjugales résultant de l’irresponsabilité parentale. Alou, homme infidèle et volage abandonna leurs enfants Awa, Karim et Lala à leur mère, Coumba pour convoler de noces en noces. Attitude qui entraîna un déséquilibre familial puisque les enfants durent abandonner leurs études et leur mère les éleva seule : « Elle se sacrifia pour le bien-être des enfants » (p. 53).Vivant dans l’extrême dénuement et livrés à eux- mêmes, ils sont exposés à la délinquance, la prostitution ainsi qu’à l’instabilité psychologique allant parfois aux situations tragiques comme le suicide. L’auteur nous montre les limites de l’éducation monoparentale dues en partie au surcharge de travail, décrivant par-là même l’esprit de sacrifice dont fait preuve la femme devant les traditions intangibles ; désastres auxquels il faut ajouter les épreuves qu’elle doit endurer tels que les problèmes de caste, la stérilité et les mutilations sexuelles (p.105). Enfin, cette rigidité phallocentrique illustrée à travers « le voile noir», «le rêve politique » débouche inexorablement à la paralysie de l’état, à la corruption avec ses corollaires : l’activisme et carriérisme politiques soulignés dans « la politique, tournant de la réussite sociale». C’est ainsi que Sirantou, fille d’origine modeste mais véritable battante, finit par se faire « une place au soleil » en épousant un ministre et en poussant ce dernier à fomenter un coup d’état. Opportuniste, son ambition sera de poursuivre sa carrière politique avec ou sans son mari, la finalité étant d’inscrire son nom dans la postérité donc, d’entrer dans l’histoire (p.75).Sur le plan formel, l’architecture du livre est quelque peu insolite et c’est certainement ce qui fait son originalité : une présentation, une épitaphe, une préface, et à la fin, une bibliographie. Le lecteur quelque peu embarrassé, peut se demander si c’est un essai, une prose narrative ou une chronique historique. Or c’est un peu tout cela car l’auteur a voulu faire plus un témoignage qu’une œuvre littéraire. Le style est simple et l’écriture linaire. Certaines nouvelles, la première en l’occurrence, sont écrites à la première personne et d’autres dans un style indirect parfois les voix se mêlent. L’ambiance est bucolique et parfois pittoresque, la narratrice par de nombreux voyages, emporte son lecteur dans des paysages fort éloignés. Parfois on se croit dans un conte de fée avec d’heureuses rencontres (p.65) ou dans une romance grâce aux lettres d’amour et aux retrouvailles inespérées (p.60); gestes qui apportent un peu de chaleur dans ces foyers conjugaux où l’atmosphère est asphyxiante, où sévit la misère, l’oppression et les disputes incessantes (pp.86-87 et 93). Sur le plan sociolinguistique, le lexique, à visée explicative, mis à la fin de l’ouvrage, tend à replonger le narrataire dans un environnement africain avec son legs culturel viable à l’exemple des cérémonies de mariage coordonnées par « Kabilatigui », le chef de clan ou la nomination de la danse des jeunes filles : « le Mariba Yassa ». Simultanément, ces survivances culturelles démontrent la richesse de la langue française à travers les francophonies plurielles. Sur le plan féministe, sous un ton doctoral et une forme impérative qui se déverse parfois dans le didactisme, l’auteur se présente en guide puisque chaque lettre à sa morale à la fin, une sentence ou des mises en garde. « L’enfant représente l’avenir du pays » ou encore « Père Mère, pensez aux enfants avant de prendre des décisions ». « Sauver les enfants de la rue c’est sauver une nation de la décadence certaine » (p.65).Elle informe la femme que sa libération est au prix de la patience, de l’effort et de l’éducation. Pour sa promotion et sa projection dans le monde moderne, elle doit entrer en politique avec d’autres armes que celles des hommes, à savoir la volonté de puissance incarnée à travers l’agressivité et la violence. « Le rêve de certaines femmes serait-il de diriger leur pays à leur place ? »(75)Malheureusement, ce souci de didactisme féministe trahit la construction du texte par le fait que malgré la cohérence des nouvelles, « la rétrospective des femmes- écrivains » vient s’y accrocher comme une espèce d’appendice ou de hors-d’œuvre. D’où le décalage qu’il y a entre le titre et le contenu. Quoi qu’il en soit, la nouvelliste a voulu apporter sa contribution à l’émancipation féminine et partant, au développement de ce continent. « Car la femme est le pilier de la famille qui démontre ses capacités sur le plan économique et politique» (p.48).Dotée d’une grande générosité, c’est donc avant tout une œuvre de connaissance par son sens des valeurs primordiales et profondément humanisante par sa quête d’équité et de justice. " Commentaire (voir aussi) : Les Femmes Ecrivaines et les Littératures africaines. www.arts.uwa.edu.au /AFLIT/Oumoudiarra.html Editor :jvolet@cyllene.uwa.edu.au
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Pour commander l'ouvrage : CASBAH EDITIONS 15,LOT SAID HAMDINE 16012 ALGER-ALGERIE- | ||
Un autre regard de la femme noir dans tous les aspects de la vie à travers les livres , les articles, les interview et les documentaires."La femme africaine n'est ni un reflet de l'homme ni une esclave. Elle n'éprouve aucun besoin d'imiter l'homme pour exprimer sa personnalité. C'est une civilisation originale qu'elle secrète par son travail. son génie propre, ses préoccupations, son langage et ses mœurs" Albertine Tshibilondi Ngoyi
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